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« Souterrain » : dans l'enfer de la mine

  • Thomas Messias
  • 2022-01-24

Entre drame intimiste et survival, cet intense film québécois examine l’impact des tragédies sur nos vies. Une descente aux enfers étouffante qui bénéficie de la prestation de deux jeunes acteurs ahurissants : Théodore Pellerin et Joakim Robillard.

Deux accidents circonscrivent le deuxième film de Sophie Dupuis. Le premier manque de coûter la vie à Julien (Théodore Pellerin), jeune homme dans la force de l’âge, qui conservera des séquelles physiques et neurologiques. Le deuxième survient dans la mine d’or où semblent travailler tous les hommes et quelques femmes de la petite ville québécoise qui sert de décor au film. Deux catastrophes vécues de plein fouet par Maxime (Joakim Robillard), le personnage central de Souterrain : responsable du traumatisme crânien de son pote Julien, il fait partie de l’équipe de sauvetage qui part à la recherche des potentielles victimes de l’explosion qui a secoué la mine.

Peut-on se racheter d’avoir gâché une vie en tentant d’en sauver d’autres ? C’est l’une des interrogations qui traversent ce tumultueux Souterrain, moins proche de Germinal que de Winter Brothers (merveille danoise signée Hlynur Pálmason, sur fond de carrière de calcaire). Entre les deux drames, Sophie Dupuis filme les trajectoires cabossées d’hommes privés de l’existence rectiligne dont ils se seraient volontiers contentés. Celle de Maxime, rongé par une culpabilité dont il ne sait que faire ; celle de Julien, qui aspire à la sérénité malgré un corps et un crâne truffés de stigmates ; mais aussi celle de Mario, le père de ce dernier, mineur expérimenté qui nourrit une terrible rancœur à l’encontre du responsable des maux de son fils.

La réalisatrice québécoise (déjà autrice du tendu Chien de garde) signe un film au sang chaud : ça tempête, ça bouillonne, sans espoir ni répit. La mise en scène joue intelligemment sur le contraste entre ce qui se produit à l’air libre et ce qui se trame sous la surface, jouant avec les codes du film catastrophe jusqu’à créer, dans ses dernières séquences, une sensation d’étouffement communicative. Mais la lumière est au bout du tunnel : finalement, Souterrain donne à voir la camaraderie dans ce qu’elle a de plus bouleversant, avec des personnages qui ne se contentent pas de survivre aux tragédies mais parviennent à s’en nourrir afin d’en ressortir plus forts.

Souterrain de Sophie Dupuis, Les Alchimistes (1 h 37), sortie le 26 janvier

Image (c) Les Alchimistes

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