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Scène culte : « Sexe, Mensonges et Vidéo » de Steven Soderbergh

  • Michaël Pantin
  • 2022-02-15

Deux femmes, deux hommes, beaucoup d’objets symboliques pour sonder les dérèglements du désir. Et une Palme d’or à Cannes pour Steven Soderbergh à juste 26 ans.

Sexe, mensonges et vidéo : le programme du premier long métrage de Steven Soderbergh tiendrait dans son titre. Les mensonges d’Ann (Andie MacDowell), qui se refuse à son mari, John (Peter Gallagher), ceux de John, qui la trompe avec sa sœur, Cynthia (Laura San Giacomo). Les vidéos de Graham (James Spader), vieil ami de John, dont l’impuissance avouée trouble Ann (et Cynthia), et qui compense en interrogeant les femmes sur leur sexualité. Mais le sexe en tant qu’acte, voilà le grand absent du film, sciemment avalé par les ellipses, plaqué dans le hors-champ. Une manière pour Soderbergh, qui n’a jamais caché la portée intime du film, de se placer du côté d’Ann et de Graham, accordant sa mise en scène à leur libido cérébrale et contrariée. Lorsque la chair n’est plus consommable, l’inconscient s’accroche aux objets.

Steven Soderbergh a préparé une suite de « Sexe, Mensonges et Vidéo » pendant le confinement

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Pour Ann, ce sont les verres, ustensiles ménagers phalliques et froids. Un verre de vin rouge qu’elle se garde de toucher lors de sa rencontre avec Graham. Un autre de vin blanc qu’elle masturbe nerveusement lors de leur premier tête-à-tête. Puis c’est le thé glacé qu’il lui offre le jour où elle découvre sa collection de vidéos. « Sur quoi portent les interviews ? » demande-t-elle. « Elles portent sur le sexe », avoue-t-il. « Ce que les femmes font. Ce qu’elles veulent faire mais n’osent pas demander. Ce qu’elles ne feraient pas même si on leur demandait. » Le malaise d’Ann, dont le fantasme immaculé se brise et la certitude mélancolique de Graham de ne pouvoir faire marche arrière s’entrechoquent dans le grand verre. La main faiblit, les glaçons tintent, la chute de l’objet est évitée de justesse. Si le sexe n’est que mensonges et projections, pourquoi ces deux-là se comprendraient mieux que les autres ? Pour Soderbergh, semble-t-il, la coupe du désir est toujours trop vide ou trop pleine.

Sexe, mensonge et vidéo de Steven Soderbergh (L’Atelier d’Images, 1 h 40), ressortie le 15 février en DVD et Blu-ray

Images (c) Pathé

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