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Rétrospective Michael Haneke : focus sur ses films inédits

  • Hugues Porquier
  • 2024-10-28

[CRITIQUE] À partir du 30 octobre, une rétrospective exceptionnelle consacrée à Michael Haneke investit les salles de cinéma. Au programme, ses plus grands classiques en version restaurée, mais aussi des films inédits réalisés pour la télévision et encore jamais projetés dans les salles françaises. 

C’est l’occasion de se plonger dans l'œuvre puissante, rugueuse et souvent inconfortable du grand Michael Haneke. De ses Palmes d’or Le Ruban Blanc(2009) et Amour (2012), à l'inquiétant home-invasion Funny Games (1997) et son auto-remake Funny Games U.S. (2007). Mais aussi la célèbre trilogie de la glaciation émotionnelle avec Le Septième Continent (1989), Benny’s Video(1992) et 71 Fragments d’une chronologie du hasard (1994). Sans oublier Le Temps du loup (2003), Caché (2005) ou son plus récent Happy End (2017). Cette rétrospective met en lumière les œuvres qui ont fait du cinéaste autrichien une figure incontournable du cinéma contemporain.

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C’est aussi l’occasion de découvrir, pour la première fois en France, cinq films réalisés par Haneke lors de la première partie de sa carrière pour la télévision autrichienne. La plupart sont des adaptations littéraires : Le Château (1997), inspiré du roman inachevé de Franz Kafka ; La Rébellion (1992), tiré d’un roman de Joseph Roth ; et Trois Chemins vers le lac (1976), adapté d’une nouvelle d’Ingeborg Bachmann. 

Le Château de Michael Haneke © Les Films du Losange

Au début de sa carrière, ce cadre de production offrait au réalisateur une plus grande liberté d’expérimentation. L’adaptation lui permettait d’être pris plus au sérieux par les producteurs, qui osaient moins intervenir sur des œuvres littéraires déjà populaires, que sur un scénario original.

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Parmi tous les films qui composent cette superbe rétrospective, Les Lemmings (1979) se distingue particulièrement. Son titre, inspiré par une race de petits rongeurs qui aurait un penchant pour le suicide collectif, donne le ton. Divisé en deux films distincts – L’Arcadie et Blessures –, ce premier scénario original d’Haneke se déroule entre 1959 et 1979, suivant les tribulations des mêmes personnages à des époques différentes. Ce diptyque puise dans les souvenirs de jeunesse du cinéaste dans la ville de Wiener-Neustadt en Autriche et apparaît comme la première œuvre personnelle de ce dernier. 

Les Lemmings de Michael Haneke © Les Films du Losange

Elle dresse le portrait d'une jeunesse autrichienne (dont Haneke fait partie) hantée par la névrose, la culpabilité et l'angoisse provoquée par la période d’après-guerre.

Au même titre que ses films de cinéma, ces (télé)films, et en particulier Les Lemmings, constituent une véritable genèse thématique de l'œuvre immense à venir, une mine d’or pour les cinéphiles et les petits curieux. Son visionnage dévoile l’obsession naissante du cinéaste pour l'exploration des pires traits de la nature humaine. On y perçoit déjà sa vision nihiliste et radicale, annonçant des films à la fois captivants et dérangeants.

Image © Les Films du Losange

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