QUEER GUEST · Claire Pommet, dite Pomme : « Laetitia Casta en Falbala, c’était un de mes premiers vrais émois au cinéma »

« J'ai grandi avec les films de Miyazaki plutôt qu'avec les Disney, donc avec des représentations de personnages féminins hyper puissants comme Princesse Mononoké, Chihiro ou Kiki la petite sorcière. Je me souviens aussi de ce film des années 1970 sur une sorcière qui va en Angleterre, c'est à moitié un dessin animé et à moitié un film [L’Apprentie sorcière de Robert Stevenson, 1972, ndlr].

J’étais fascinée par les sorcières et j'ai beaucoup regardé des séries comme Charmed. On était trois sœurs à la maison et forcément, on se projetait : moi, j’étais Alyssa Milano. Harry Potter a aussi fait partie de ma construction avec plusieurs personnages féminins hyper stylés, auxquels on peut s'identifier, comme Hermione ou Luna Lovegood. Il y avait aussi Mercredi dans La Famille Addams, un personnage totalement chelou qui déteste tout le monde et là, pour le coup, c’était plus facile pour moi de m’identifier.

Mon premier crush au cinéma, c'était Laetitia Casta dans le rôle de Falbala dans Astérix et Obélix, elle était sublime et, clairement, j'avais une émotion qui, avec le recul, était de l’ordre de l'attirance. C'était un de mes premiers vrais émois au cinéma. Mon vrai souci, adolescente, c’était de ne pas de pas savoir comment m'identifier, j’ai compris hyper tard qu'en fait, j'aimais les filles. Cette période reste floue, je ne me souviens pas de ce que j’ai vu car j'étais trop dans la musique.

Laëticia Casta dans Astérix et Obélix contre César

C’est un problème, que je ne me sois jamais identifié à des personnages de cinéma durant l’adolescence, ça prouve le manque de diversité des représentations, c'est pour ça qu'on se raccroche souvent à des éléments indirects.

Mais il y a eu évidemment le cinéma de Xavier Dolan. Au lycée, j’avais même fait un travail pratique encadré sur la culture au Québec. J’ai découvert C.R.A.Z.Y. [Jean-Marc Vallée, 2006, ndlr] mais surtout Lawrence Anyways [Xavier Dolan, 2012, ndlr]. Je ne pouvais pas forcément m'identifier à ce personnage, mais en même temps j’ai été vraiment transcendée par la performance, par le sujet, par cette représentation inédite pour moi. Le fait d'être lesbienne ou bi, ça n'existait pas à mes yeux, donc voir un personnage se travestir, c'était un nouveau monde qui s'ouvrait. C'est un peu cliché parce que j'ai l'impression que Xavier Dolan, c'est le plus connu de tous les cinéastes queer…

J'ai vraiment commencé à aller beaucoup au cinéma quand j'ai déménagé à Paris, vers mes 18 ans, avec une carte illimitée. J’ai un rapport émotionnel au cinéma et je suis trop contente quand je ressors avec les jambes un peu molles.

Je me suis sentie en proximité avec les personnages de Titane [Julia Ducournau, 2021, ndlr] ou Millenium [Niels Arden Oplev, 2009, ndlr], mais j'ai l'impression que le personnage de Jeanne que j'interprète dans le film d’Héléna Klotz n'avait jamais existé avant. Il y a trop peu de films où je me suis dit que je pouvais m'identifier à 100% et je pense que c'est d'ailleurs pour ça que La Vénus d’argent est un film qui est spécial. Aujourd’hui, il y a des séries comme Sex Education, j'ai l'impression que ça, ça n'existait pas… ou alors, que je ne suis pas allée chercher aux bons endroits ! »