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Pasolini, Pasoliniennes, Pasoliniens ! : une rétro autour de Pasolini à voir en ligne
- Léa André-Sarreau
- 2021-05-11
Un cycle qui met en lumière des carnets de notes filmés du cinéaste italien.
Jusqu'au 26 avril, la Cinémathèque du documentaire consacre à Pier Paolo Pasolini un cycle spécial dont l'intitulé (Pasolini, Pasoliniennes, Pasoliniens !) interpelle directement le spectateur pour lui rappeler à quel point ce cinéaste italien - dont on fêtera le centenaire de la naissance en mars 2022 - a traversé son époque avec fracas. Tant dans son esthétique radicale que dans son éthique emprunte de nihilisme, Pasolini, qui était aussi poète, critique, militant politique, n'a cessé de dénoncer l'intolérance et le fascisme à travers des oeuvres polémiques.
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Dans sa "Trilogie de la vie" (Le Décaméron, Les Contes de Canterbury, Les Mille et Une Nuits), il explore les désirs lubriques de personnages dont le libertinage est condamné, les corps entravés par la bienséance; dans Théorème (1981), ce communiste convaincu articule rapports sexuels et domination de classe, décrit le capitalisme bourgeois comme une perversion de l’humanité. Son ultime film, Salo ou les 120 jours de Sodome (1975), adaptation du marquis de Sade, est une transposition dans la république fasciste de Salò de Mussolini, dont la violence et le formalisme froid servent à questionner l'immoralité du pouvoir.
Plutôt que d'explorer ces classiques canoniques, la Cinémathèque du documentaire propose de voir en ligne des films méconnus, égarés de Pasolini, mais aussi des oeuvres contemporaines qui y font écho. On y croise des appunti, notes visuelles du réalisateur, sorte de documentaires sur ses tournages restés inachevés, comme Repérages en Palestine pour le film "L'évangile selon Saint-Matthieu", premier film-essai de Pasolini dans lequel il part sur les traces du Christ, mettant en scène sa relation au paysage mystique.
Au programme également : Pasolini, la forme de la cité, sur la dégradation du paysage que formait depuis des siècles la ville italienne d'Orte, mais aussi Enquête sur la sexualité, dans lequel Pasolini parcourt l'Italie pour sonder les idées et les mots des Italiens sur la sexualité et démontrer la culture "petite-bourgeoise" des années soixante. Ce cycle rétrospectif propose également de voir des oeuvres rares de cinéastes sous influence pasolinienne. Citons L'été de Giacomo d'Alessandro Comodin, sur l'éveil érotique de deux ados perdus dans la campagne, et On vit d'amour de Silvano Agosti, sept portraits poignants d'êtres qui se confient les blessures et les joies de leurs affects. Un prolongement contemporain sensible et engagé, qui témoigne d'affinités indéniables avec Pasolini. Le programme est disponible ici.