- Paradiscope
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- 7 min
Demy, Rivette, Kiarostami : ils sont dans l'épisode best-of de mk2 curiosity
- Trois Couleurs
- 2021-08-19
La fin de l'été se profile, mais pas de panique. mk2 Curiosity est là pour faire la route du retour avec vous, en vous proposant cinq films parmi vos préférés de l'année écoulée. Jusqu'au 26 août, on redécouvre Montmartre avec Jacques Rivette, on suit Jean-Louis Trintignant dans les ruelles de Saint-Germain, puis direction la Maison Blanche avec les Kennedy.
La Luxure de Jacques Demy (14', France, 1961)
Deux dragueurs joués par Jean-Louis Trintignant et Laurent Terzieff errent dans les rues de Paris à la recherche de l’âme sœur, et se souviennent des émois de l'enfance... En 1962, Jacques Demy participe au film à sketchs collectif Les Sept Péchés capitaux (avec, notamment, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard et Philippe de Broca) et signe en seulement 14 minutes un film étourdissant, érudit et insolent, véritable catalogue des fondamentaux de la Nouvelle Vague : prises de vue semi-improvisées, regard des enfants, érotisme des rencontres de hasard, et résurgences des poses de l’art classique dans le monde contemporain.
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« La Luxure », un court étourdissant de Jacques Demy
Lire l'articleOù est la maison de mon ami ? d'Abbas Kiarostami (83', Iran, 1987)
Ahmad, un petit garçon (Babak Ahmadpour, inoubliable visage de l’innocence), part à la recherche de son ami Nematzadeh pour lui rendre son cahier – et lui éviter ainsi d’être renvoyé de l’école... Sur son chemin, il se heurte au silence des adultes, à leurs préoccupations impénétrables, à leurs exigences contradictoires.
Abbas Kiarostami filme ce récit d'apprentissage comme une fable, dans un décor réinventé par les peurs d’enfant : les ombres dansent sur le pavé, les bourrasques agacent les animaux et font tinter des clochettes invisibles, les contours des fenêtres sont projetés sur les murs tels des tableaux cabalistiques.
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A voir sur MUBI : « Où est la maison de mon ami ? » d’Abbas Kiarostami
Lire la critiqueParis nous appartient de Jacques Rivette (141', France, 1961)
Renversant la célèbre formule de Charles Péguy (« Paris n’appartient à personne »), Rivette raconte, au cours de l’été 1957, les déboires d’une troupe de théâtre qui peine à trouver des fonds pour monter l’adaptation de Périclès, prince de Tyr de Shakespeare, sur fond de complot politique. Un premier film tortueux, inquiet et paranoïaque, qui se fait l’écho cryptique d’un contexte géopolitique délétère, entre la division du monde en blocs Est/Ouest, l’Insurrection de Budapest en 1956 et la chasse aux sorcières de McCarthy aux États-Unis.
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« Paris nous appartient » : le premier long cryptique de Jacques Rivette
Lire la critiqueLes Kennedy : Crisis - Behind a Presidential Commitment de Robert Drew (52', États-Unis, 1963)
Bien avant House of Cards, série emblématique sur les coulisses du pouvoir et ses guerres intestines, le cinéaste Robert Drew, pionnier du cinéma direct, avait compris que politique et récit filmique font bon ménage. Dans le troisième épisode de sa saga consacrée à John F. Kennedy, le documentariste saisit avec une acuité toujours haletante l'arrivée du président à la Maison Blanche, marquée par un épisode délicat : en plein combat pour les droits civiques, le gouverneur d’Alabama refuse d’inscrire deux étudiants noirs à l’université.
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Claire Dolan de Lodge Kerrigan (90', États-Unis, 1998)
À la mort de sa mère, une call-girl quitte New York et fait la connaissance d’un chauffeur de taxi prêt à l’aider, à lui faire un enfant et à construire un foyer. Mais Claire comprend bientôt que, pour réaliser sa vie, elle ne doit compter que sur elle-même.
Trouver le juste milieu entre empathie et distance. Ici réside tout le talent de Lodge Kerrigan, dont les personnages impénétrables et les intrigues opaques laissent au spectateur la liberté de réécrire, entre les lignes, ce qui n'est pas dit. Anti-psychologique, d'apparence froide (New York est filmée comme une vitrine tentaculaire et inhumaine), la mise en scène témoigne d'une suspension de tout jugement.
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