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« Mulholland Drive » de David Lynch aurait dû être une série spin-off de « Twin Peaks »

  • Léa André-Sarreau
  • 2020-04-20

Encore une preuve, s’il en fallait une, que l’oeuvre de David Lynch fonctionne comme un microcosme où tout se répond et s’imbrique.

Pourquoi l’oeuvre de David Lynch provoque-t-elle toujours le même effet de sidération ? Sans doute parce qu’au-delà de leur caractère unique, ses films se répondent secrètement pour former une architecture minutieusement bâtie, une mythologie souterraine. Et cette filmographie, sorte de toile d’araignée géante, est loin d’avoir révélé tous ses recoins. Grâce à Mark Frost, co-créateur de la série-monde Twin Peaks avec David Lynch, on sait désormais que Mulholland Drive (2001), vénéneux polar sur le trouble identitaire en plein Los Angeles a initialement été pensé comme un pilote de série-télévisée… Et plus précisément comme un spin-off de Twin Peaks. C’est Mark Frost lui-même qui est revenu sur ce projet avorté dans la biographie Conversations With Mark Frost de David Bushman, parue au mois de mars, et dont IndieWire a rapporté quelques extraits :  « J’habitais sur Mulholland Drive à l’époque et je trouvais que c’était un titre génial. L’idée était de créer un spin-off à partir du personnage d’Audrey et de la lâcher dans Hollywood, dans une ambiance néo-noire. Nous en avions discuté et puis c’est tombé à l’eau. Six ans plus tard, j’ai eu vent que ce projet allait être un pilote proposé à ABC. » 

—>> A LIRE AUSSI: Magique : David Lynch filmé en plein tournage de Twin Peaks : The Return

Betty Elms, jouée par Naomi Watts dans Mulholland Drive, jeune actrice naïve se révélant être une ambitieuse manipulatrice, aurait donc du être le personnage d’Audrey, joué par Sherilyn Fenn dans Twin PeaksL’une blonde et l’autre brune, la première faussement ingénue et la seconde mystérieuse et dangereuse, comme deux facettes ambiguës d’un même visage qui ne peut se résoudre que dans la contradiction : cette idée hitchcockienne est loin de nous déplaire. Et on tâchera de l’avoir en tête lors de notre prochain visionnage (comparatif) de ces deux oeuvres labyrinthiques qui examinent la versatilité de l’identité, la duplicité entre fiction et réalité pouvant tourner à une forme de schizophrénie.

La suite de l’histoire est bien connue : le projet est finalement tombé à l’eau, avant de renaître quelques années plus tard sous forme de film, que Lynch a construit en utilisant l’intrigue du spin-off avorté tout en modifiant le scénario afin qu’il ne soit plus relié à la série. « Je me souviens que Sherilyn avait très envie de faire ça à l’époque », explique Mark Frost. Elle avait beaucoup d’ambition, et nous aurions probablement pu concevoir une série autour de son personnage. Je ne sais pas exactement comment nous sommes passés de ce projet à un pilote sans elle. »  Un peu à la façon de Wong Kar-wai, dont le prochain film Blossoms sera la troisième partie d’In The Mood for love et 2046, il paraît évident que David Lynch, démiurge très malin, a toujours pensé son cinéma comme une grande maison remplie de pièces cachées.

—>> A LIRE AUSSI : À écouter: Lynchsplaining, le podcast qui décortique l’oeuvre de David Lynch

Image: Copyright Tamasa Distribution

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