- News
- Article
- 3 min
« Mon Pire Ennemi » / « Là où Dieu n'est pas » : dialogues cinématographiques
- Augustin Pietron
- 2024-05-02
Le réalisateur iranien Mehran Tamadon dialogue avec les victimes du régime et met en scène la torture dans deux films sidérants qui sortent à une semaine d’intervalle, « Mon pire ennemi » et « Là où Dieu n’est pas ».
Comment filme-t-on une idéologie ? Mehran Tamadon, architecte iranien installé en France depuis quarante ans, n’en est pas à son coup d’essai : en 2014, il conversait directement avec des mollahs dans Iranien. Il orchestre désormais deux gestes documentaires terribles. Avec Mon pire ennemi, il somme ses compatriotes exilés de le soumettre à un interrogatoire du régime. Tous connaissent les questions – un exercice de déshumanisation –, mais refusent de s’exécuter : c’est inhumain. Avant que l’actrice Zar Amir Ebrahimi (brillante interprète des Nuits de Mashhad, sortie en 2022) ne vienne faire imploser son dispositif en acceptant puis en retournant son geste contre le réalisateur… Le documentariste persévère dans sa démonstration en interrogeant trois réfugiés dans Là où Dieu n’est pas. Appliqué, Tamadon reconstitue le volume d’une cellule en arceaux pour figurer la prison iranienne – bien qu’il manque les dix autres détenus. Dans un geste risqué, il demande à Taghi, Homa et Mazyar de raconter ce qu’ils ont subi. Puis il écoute… et devient presque inquisiteur lui-même. De ce second film, on ressort lessivés. C’est le prix pour se confronter à la réalité.
Mon pire ennemi / Là où Dieu n'est pas de Mehran Tamadon, Survivance (1 h 22 / 1 h 52), sortie le 8 mai / 15 mai
Image : © Survivance