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Marie-Ange Luciani : « Aux États-Unis, Justine Triet est une personnalité qui plaît beaucoup »

  • Damien Leblanc
  • 2024-01-24

[EXCLU] On a eu la productrice Marie-Ange Luciani au téléphone, juste après l’annonce des cinq nominations aux Oscars d’« Anatomie d’une chute ». Avec euphorie, elle nous a raconté comment elle et l’équipe ont vécu ce moment historique, et s’est confiée sur l'aventure hollywoodienne du film de Justine Triet, en course pour remporter la statuette du meilleur film.

"C'est quoi 'Best Picture', ça veut dire quoi ?". Même au summum du stress - elle attend avec sa productrice Marie-Ange Luciani le verdict implacable des nominations aux Oscars -, Justine Triet ne perd pas son humour désinvolte et son naturel désarmant. Grâce à cette vidéo désormais virale postée sur Instagram, on a un peu vécu l'annonce de la nomination d'Anatomie d'une chute à l'Oscar du Meilleur Film de l'intérieur. Mais comme ça ne nous suffisait pas, on a demandé à Marie-Ange Luciani de revenir sur la trajectoire romanesque de ce whodunit universel, d'abord boudé par le comité de sélection du CNC (qui lui a préféré La Passion de Dodin Bouffant pour représenter la France à l'Oscar du meilleur film étranger) avant de faire un come-back fulgurant.

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« C'EST UNE HISTOIRE DE FAMILLE CE FILM »

« Avec Justine, on s’est dit que la première sensation qui ressort après ces nominations c’est un peu l’état de choc. La première nomination reçue, celle pour le scénario, était a priori celle qu’on avait le plus de chances de décrocher donc on était encore tranquilles. Ensuite on espérait très fort la nomination en meilleure actrice pour Sandra Hüller mais tout le monde nous disait que c’était la catégorie la plus difficile comme il n’y a que cinq places. On était du coup aux anges quand Sandra a été nommée. Et après le fait d’avoir eu meilleur film, meilleure réalisatrice et meilleur montage pour Laurent Sénéchal, c’est magnifique, surtout quand on sait que c’est un film qui s’est beaucoup construit au montage. Il y a quand même eu 43 semaines de montage. Que le film soit reconnu à cet endroit-là et dans les catégories les plus prestigieuses, c’est inespéré et ça rend fier. On était avec Justine Triet et David Thion [l’autre producteur d’Anatomie d’une chute, ndlr] au bureau et on avait tous une pensée pour notre équipe technique, nos équipes artistiques et nos partenaires. C’est une histoire de famille ce film, on est comme une famille soudée. »

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PASSEPORT POUR LE RÊVE AMÉRICAIN

« Les Oscars c’est le rêve. Le cinéma américain, on a tous grandi avec. Il y a de très grands réalisateurs nommés aux côtés de Justine Triet dans les catégories reines. Justine est une grande admiratrice de Martin Scorsese et elle se retrouve nommée à côté de lui en film et en réalisatrice. On n’est pas des bêtes à concours, ce n’est pas la compétition qui est importante mais la reconnaissance pour notre travail de producteurs indépendants, de distributeurs indépendants, de vendeurs indépendants. C’est un film indépendant et construit de façon artisanale qui s’invite à Hollywood. C’est très important pour nous, ce n’est pas un film avec un gros budget. Et ce que je reçois beaucoup comme messages ces heures-ci c’est que ça donne de l’espoir à tout un pan du cinéma indépendant, qui est quand même la force du cinéma français. Et à l’international aussi c’est un cinéma qui compte, qui a du poids et qu’il ne faut pas oublier. »

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JUSTINE TRIET, UN STORYTELLING GAGNANT

« Le film a quand même un sujet très universel : la question du couple, de qu’est-ce qu’on fabrique ensemble. Et la forme choisie, celle du thriller et du film de procès, réunit plein de choses et permet au grand public d’y accéder tout en gardant une forme d’exigence. Et je pense aussi que la personnalité de Justine joue aussi en faveur du film. C’est quelqu’un d’extrêmement humble et en même temps de très articulé. Elle a une forme de modestie et je pense que ça se sent. C’est l’image d’une réalisatrice qui n’est pas du tout sur son piédestal mais qui est toujours dans une adresse à l’autre. Je vois bien aux États-Unis que Justine est une personnalité qui plaît beaucoup, avec son accent français quand elle parle anglais, avec son humour. Et quand Arthur Harari est là aussi, le jeu entre elle et son compagnon est savoureux, c’est du storytelling que les Américains apprécient, je pense. »

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