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La pépite indé : « Au jour d’aujourd’hui », un film de SF destroy chez les seniors

  • Quentin Grosset
  • 2021-10-18

Coup de cœur vu au FIFIB en octobre : dans "Au jour d’aujourd’hui", Maxence Stamatiadis compose un premier long sci-fi fascinant avec ses grands-parents, en forme de détournement drôle, tendre et inquiétant. On espère le voir un jour au cinéma.

D’une matière intime, le réalisateur franco-grec Maxence Stamatiadis, auteur d’une poignée de courts métrages, fait des miracles. Jusqu’en 2013, il a filmé le quotidien de ses grands-parents Edouard et Suzanne aux Pavillons-sous-bois en Seine-Saint-Denis, regardant l’une engueuler l’autre parce qu’il ne finit pas son assiette, parler de ses amies ou regarder Les Anges de la télé-réalité, suivant l’autre bricolant ou faisant de l’ordinateur.

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Quelques années après la mort de son grand-père, Stamadiadis reprend ces rushes pour inventer en collaboration avec sa grand-mère un film situé en 2024, toujours en banlieue parisienne : celle-ci s’inscrit à une nouvelle app, permettant grâce à une IA de ressusciter les morts grâce au moyen d’un dossier d’infos (disque dur, photos perso…) sur la personne défunte. Sauf que la technologie a encore quelques progrès à faire… Le cinéaste, travaillant l’esthétique face swap dans tout ce qu’elle promet de plasticité, met au jour son étrangeté autant que ses petites défaillances, jouant sur les sautes de pixels, la défiguration. Et pousse l’anticipation dans ses retranchements lorsqu’il imagine que l’I.A a mal digéré les écrits nihilistes qu’avait laissé Edouard derrière lui – celui-ci revient alors en tueur mutique et sanguinaire.

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Faisant preuve d’une invention débordante dans le montage et les nouvelles directions qu’il fait prendre aux rushes d’origine, le film est aussi très touchant. Car la grand-mère du réalisateur participe au projet avec une spontanéité troublante et sans compromis. Si bien que son imaginaire à elle (soap, émissions de télé-réalité...) semble presque s’agréger à celui de son petit-fils, qu’il intègre sans condescendance et avec beaucoup de tendresse, donnant lieu à une écriture transgénérationnelle hybride et novatrice, qui aboutit parfois à l’impression d’une émission de Sophie Davant hackée par un cyborg déviant.

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