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« Parlement » saison 2 : pourquoi on valide ce savoureux retour au carrefour de l’Europe

  • Nora Bouazzouni
  • 2022-05-10

La série comique « Parlement » continue sa joyeuse exploration de l'institution strasbourgeoise. Entre coups de poker et amitiés inattendues, la saison 2, toujours aussi drôle, se révèle étrangement sensuelle.

Si les fictions politiques nous ont habitué⸱e⸱s au cynisme de personnages assoiffés de pouvoir (House of Cards, Baron Noir…), Parlement ne mange pas de pain-là. Imaginée et co-écrite par le scénariste Noé Debré (DheepanProblemosLa Meilleure Version de moi-même…), dont l'intuition de servir une fiction drôle et attachante sur le millefeuille européen s'est d'abord nourrie de son enfance à Strasbourg, avec vue sur le Parlement, la série revendique une filiation au comique génial de son confrère britannique Armando Iannucci, spécialiste du genre avec In the LoopThe Thick of It ou Veep.

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Exit les personnages « extrêmement carriéristes et invraisemblables ». Le showrunner français, qu’on a eu le plaisir d’interviewer, a l'impression qu'aujourd'hui, «si vous voulez vraiment du pouvoir, il vaut mieux devenir Bernard Arnault, Vincent Bolloré ou Rupert Murdoch ».

Dans Parlement, les eurodéputés sont là « pour servir la cause publique, selon leurs convictions » et la série nous trimballe, avec malice et pédagogie, dans les arcanes du processus législatif à travers le trajet de Samy (Xavier Lacaille), assistant parlementaire candide qui perdait sa virginité institutionnelle en saison 1 aux côtés d'un député gentiment benêt, Michel Specklin (Philippe Duquesne).

Rompu – croit-il – aux subtilités du Parlement, notre héros seconde désormais une eurodéputée fraîchement élue en quête d'un coup d'éclat. Et l'on retrouve avec joie ses compères : son ex anglaise Rose, lobbyiste médiocre dont le cœur balance ; l'Allemand Torsten (Lucas Englander, merveilleusement slapstick) en bore out, et Eamon (génial William Nadylam), charismatique et mystérieux fonctionnaire, sorte de maître Jedi pour Samy.

(Le) Parlement est une fourmilière polyphonique fascinante où les particularismes culturels sont tout aussi cruciaux pour négocier qu'une connaissance encyclopédique des articles de loi. Une ambiance électrique et exaltante, «entre la colo et l'année Erasmus perpétuelle», revendiquée par Noé Debré : «Strasbourg, c'est un moment particulier dans l'agenda parlementaire européen. Il y a un côté play-offs ou money time !»

En plus de démystifier – sans simplifier – le protocole, la série rend sexy les institutions et joue, sans avoir l'air d'y toucher, sur la tension sensuelle propre à la chose politique – qui atteint son paroxysme dans une scène où l'on se chuchote du Italo Calvino.

Cette saison 2, toujours aussi fraîche et enlevée, est illuminée par un duo poético-burlesque inattendu : Michel Specklin, promu contre son gré et Bertrand (Fred Blain), dont le «clown intérieur» a séduit Noé Debré. Un pari audacieux comme on aimerait en voir plus souvent.

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