CinémaPETIT ÉCRANCultureQUEER GAZEDIVINE GANGI.A. QUOI ?Le magazine
  • Critique
  • Article
  • 3 min

« Linda veut du poulet ! » : l'aile ou la glisse

  • Perinne Quennesson
  • 2023-10-13

[CRITIQUE] Présenté à l’ACID à Cannes, puis récompensé au festival d’Annecy, le nouveau film de Sébastien Laudenbach et Chiara Malta est une pépite d’animation dont l’intelligence n’a d’égal que le plaisir de l’aventure qu’il procure.

Quand Paulette blâme injustement sa fille pour un vol qu’elle n’a pas commis, elle est prête à tout pour se faire pardonner. N’importe quel vœu de sa Linda chérie sera exaucé. Un poulet aux poivrons ? Ainsi soit-il. Enfin, en théorie. Car c’est jour de grève, et tous les commerces sont fermés. Mais bon, un plat de volaille, ça peut attendre, non ? Pas vraiment.

Plus qu’un simple mets, cet alléchant repas est surtout un souvenir. Celui de ce papa mort subitement alors que Linda n’avait que quelques années. Ce même homme qui avait offert à la maman de Linda la bague perdue puis retrouvée, à l’origine de toute cette aventure. C’est dans une épopée rocambolesque que nous embarquent mère et fille pour réussir à goûter à nouveau ce parfum d’un bonheur parti trop vite.

Sur la base d’un pitch relativement simple, Chiara Malta et Sébastien Laudenbach entrechoquent drame, poésie et drôlerie avec une grâce stupéfiante. Autant portrait d’une relation parent-enfant conflictuelle et tendre que fresque du vide laissé par le deuil inachevé, Linda veut du poulet ! est une réussite sur tous les tableaux. Le film embarque petits et grands dans un inattendu road movie nourri aux émotions, dont la finalité est le retour à la joie. Dans cette course à l’aile et à la cuisse se croisent aussi bien la banlieue que les flics, la famille que les voisins, les chansons que les scansions. De Sébastien Laudenbach, on retrouve le trait évocateur et épuré que l’on avait déjà repéré dans le très beau La Jeune Fille sans mains en 2016.

À celui-ci s’ajoute ici un travail malin sur la couleur : chaque personnage de cette pétulante galerie possède sa teinte propre, la carnation représentant l’aura qui se dégage de chacun. Grâce à cette animation à l’impressionnisme fécond, ce long métrage raconte avec justesse les maux d’une société française très contemporaine, du manque de pouvoir d’achat à la charge mentale des mères en passant par la solitude et le tout sécuritaire. Presque punk et franchement optimiste, Linda veut du poulet ! est un bijou.

Linda veut du poulet ! de Sébastien Laudenbach et Chiara Malta,Gebeka Films (1 h 16), sortie le 18 octobre

Image Copyright Gebeka Films

Inscrivez-vous à la newsletter

Votre email est uniquement utilisé pour vous adresser les newsletters de mk2. Vous pouvez vous y désinscrire à tout moment via le lien prévu à cet effet intégré à chaque newsletter. Informations légales

Retrouvez-nous sur