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« La Beauté du geste » de Shō Miyake : coups cadrés
- Corentin Lê
- 2023-08-29
À Tokyo, une jeune boxeuse atteinte de surdité tente de devenir professionnelle, mais son club est menacé de fermeture. Shō Miyake transpose les principes moteurs de la boxe, entre dégagements et absorptions, dans un film à la fois sensible et incisif.
Jeune boxeuse en passe de passer pro, Keiko travaille encore comme femme de ménage et vit une existence plutôt solitaire. En cause : sa surdité, qu’elle compense par sa vigueur sur le ring, sur lequel elle excelle. Si son quotidien est déjà une bataille en soi, il se retrouve menacé par la fermeture imminente de son club…
À l’échelle des films de boxe, La Beauté du geste se rapproche de Million Dollar Baby, dans lequel la résilience d’un personnage esseulé s’exprimait déjà au gré de quelques uppercuts bien placés. Si le film de Shō Miyake n’a pas la même ampleur que celui de Clint Eastwood, il s’épanouit justement dans un cadre et une intrigue tous deux resserrés. Qu’importe que la trajectoire de Keiko soit vite négociée : tout se joue ici dans le découpage, d’une grande rigueur, des scènes d’entraînement et de combat.
La surdité du personnage convie Miyake à miser sur ce que peuvent figurer les mouvements d’un corps en lutte, dont la moindre esquive relève autant d’une stratégie d’évitement que d’une reconfiguration complète des enjeux d’un combat sans cesse relancé. Il en va de même pour l’existence de Keiko, à la fois fuyante et toujours en mouvement : la beauté de son geste tient aussi au dynamisme de sa position, sur le ring et à l’extérieur.
La Beauté du geste de Shō Miyake, Art House (1 h 39), sortie le 30 août