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« Hokusai » d'Hajime Hashimoto : au plus fort de la vague
- Olivier Marlas
- 2023-04-25
[CRITIQUE] Autoproclamé « fou de dessin », le maître japonais laisse ruisseler sa « Vague » et une part de son génie dans ce biopic studieux, qui montre l’itinéraire créatif et psychologique de Hokusai à la fin de la période Tokugawa, en pleine ébullition culturelle malgré le poids de la censure.
Respectant la règle tacite selon laquelle une œuvre biographique valable dresse moins le portrait d’un homme ou d’une femme que celui de son époque, le long métrage de Hajime Hashimoto nous plonge d’abord à Edo en 1785, au sein de l’école Katsukawa, premier atelier de formation du futur Hokusai, et principal foyer pour les portraitistes d’acteurs de théâtre kabuki.
C’est ce climat d’émulation que Hashimoto (passé notamment par la réalisation de séries télé) s’applique à retranscrire grâce au dynamisme du montage et à une multiplicité de personnages. Comme aspiré par le tourbillon des scènes de représentation, la joliesse des décors et des courtisanes qui lui servent de modèles, le protagoniste est dépeint comme un jeune homme irascible et surtout motivé à l’idée de glaner quelques pièces. Quand il prend conscience de la superficialité de son travail, l’artiste têtu disparaît dans une ellipse salvatrice, et le film bascule vers un nouveau chapitre – son meilleur – aux tonalités animistes et aux plans plus longs, plus apaisés.
En 1845, Hokusai est alors un vieux maître au crépuscule de sa vie mais au sommet de son art. La minutie du travail de gravure, les coups de pinceau et le silence ont pour un temps chassé le bruit du monde. Parenthèse délicate qui donne du vague à l’âme.
Hokusai de Hajime Hashimoto (Art House, 1h30), sortie le 26 avril