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Concert: 404Billy à Rock en Seine
- Éric Vernay
- 2019-07-30
Quand les lumières s’éteignent, c’est du 404Billy : le rappeur de Villiers-le-Bel brille par sa capacité à broyer du noir avec brio. Sur la vingtaine de pistes que recèlent Hostile (2018) et Process (2019), ses deux prometteuses premières mixtapes, il déploie un art essentiellement nocturne, dans lequel des flashs violents («Quand j’coupe des têtes, les oiseaux s’envolent ») jouent le rôle de lampe torche. «Sombre univers, ciel orageux », voici le mantra du MC de 24 ans, dont le flow lapidaire a la fluidité froide et implacable d’un plan-séquence de polar new-yorkais en noir et blanc. Pour la zumba et la musique de club, on repassera. Hors des modes et conscient de cette image d’animal à sang froid qu’il dégage depuis la sortie de son glaçant clip « Le kid est mort » («Mes djinns sont mes ghostwriters, me poursuivent pour droit d’auteur »), 404Billy laisse parfois se craqueler l’armure pour parler de ses blessures intimes (absence d’un père gangster, séparation d’avec la mère de ses enfants). Il sait aussi se moquer de lui-même sur le single «Sombre fan », captant avec malice la voix exigeante de son public dans un habile tour de passe-passe. Plus kickeur macabre que chanteur de Macarena, « autant puriste que futuriste », le rappeur désenchanté détonne dans un rap game français dopé à la pop ensoleillée. C’est sans doute cette intransigeance qui a conduit Damso à poser avec lui sur l’imparable «RVRE» et à l’inviter sur sa dernière tournée. Le kid est mort, vive 404Billy.
Le 24 août à Rock en Seine