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Au cinéma, le Freak c'est chic

  • Perrine Quennesson
  • 2024-03-27

[Infographique] Qu’ils intriguent ou qu’ils repoussent, qu’ils inspirent la violence ou la tendresse, les freaks ne cessent jamais de fasciner. Pourquoi ? Car ils sont les témoins et les victimes des normes de nos sociétés formatées. Alors que « Rosalie » de Stéphanie Di Giusto, et sa femme à barbe interprétée avec subtilité par Nadia Tereszkiewicz, débarque sur le grand écran, tour d’horizon en cinq films des « monstres » sacrés du septième art. Ou quand la marge refait le portrait de la société.

« Rosalie » de Stéphanie di Giusto : bon poil

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Freaks de Tod Browning (1932)

Passer à côté serait un crime de lèse-majesté. Freaks (1932, La Monstrueuse Parade en VF) de Tod Browning est LA référence en matière de « monstres humains ». À travers cette histoire de vengeance, le film remet les normes en question. Quand la trapéziste Cléopâtre manipule Hans, l’illusionniste atteint de nanisme, pour son argent et se met à dos toute la communauté des « freaks » – femme à barbe, homme-tronc, etc. – du cirque, le récit interroge autant la beauté physique que morale. Et finit par redéfinir l’idée même de monstruosité.

Men & chicken d'Anders Thomas Jensen (2016)

On ne choisit pas sa famille. Dans Men & Chicken (2016), deux frères un peu particuliers partent à la recherche de leur père biologique à la suite de la mort de leur père adoptif. Ils découvrent le reste d’une fratrie encore plus étrange. Ce qu’ils ont en commun ? Un bec de lièvre, de longs orteils, un père savant fou et des tendances, au mieux, gênantes. Interrogeant le déterminisme qu’il soit social et/ou génétique, le film du Danois Anders Thomas Jensen confronte animalité innée et civilité acquise, tout en assurant la force des liens du sang sur la norme culturelle dominante.

Freaks Out de Gabriele Mainetti (2022)

Un albinos qui parle aux insectes. Un nain magnétique. Une jeune fille électrique. Un géant poilu à la force surhumaine. Un pianiste à douze doigts. Le freak show convoqué par Gabriele Mainetti semble sortir tout droit de X-Men. Croisement entre Marvel, le cirque Pinder et Indiana Jones, Freaks Out (2022) voit nos phénomènes de foire essayer de survivre dans une Italie en proie à la folie nazie. Mais, alors que le monde est noir et livré au désespoir, le réalisateur propose une issue vers le fantastique pour réécrire l’histoire. Oui, les « monstres » gentils, ce n’est pas que chez Casimir.

Elephant Man de David Lynch (1981)

L’Elephant Man de David Lynch (1981), qui partage de nombreuses réflexions avec Freaks, notamment en matière de communauté et de morale, est adapté de la vie bien réelle de Joseph Merrick, un homme souffrant de déformations du visage et du corps. À travers son histoire, c’est aussi celle du regard de la société européenne de la fin du xixe siècle vis-à-vis de l’exhibition de ces phénomènes de foire qui est racontée. Le récit d’un être humain, comme il le rappelle dans une scène bouleversante, face à la cruauté d’un monde alors en mouvement.

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Edward aux mains d’argent de Tim Burton (1991)

L’appel à la tolérance d’Elephant Man a bien été entendu par Tim Burton qui, dix ans après, sort Edward aux mains d’argent (1991). Mais, à la réalité du film de David Lynch, le réalisateur emo chéri des ados oppose la magie du conte et tend davantage vers le Frankenstein moderne en racontant l’histoire de son doux Edward ayant des ciseaux en lieu et place des mains. Tour à tour considéré comme une curiosité, un atout ou un monstre, le marginal héroïsé, pendant du réalisateur, tend un miroir peu flatteur à une société qui cherche à formater tout ce qui ne lui ressemble pas.

Photo de couverture : Rosalie de Stéphanie Di Giusto (c) Gaumont

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