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« Animal » de Cyril Dion : un road-trip écolo sensible

  • Léa André-Sarreau
  • 2021-11-17

Après "Demain", coréalisé avec Mélanie Laurent, le cinéaste, poète, écrivain et militant écologiste Cyril Dion confirme son aisance à embrasser les luttes environnementales par l’image, avec ce docu en forme de road-trip spectaculaire porté par deux ados activistes. Le film est à voir en ce moment sur France TV.

« On est capables de ramener des espèces si on prend la peine de les comprendre. » Dans le sillage de Greta Thunberg, incarnation d’une jeunesse engagée contre le réchauffement climatique, Bella et Vipulan, 16 ans, prônent avec sang-froid un nouveau rapport au vivant. A l’aube d’une sixième extinction de masse – en grande partie due à la surexploitation et la destruction des habitats naturels par l’homme –, Cyril Dion les a entraînés dans un voyage aux quatre coins de la planète, du parlement de Bruxelles où les lobbys font pression pour maintenir la pêche intensive, aux confins d’une jungle amazonienne menacée.

Tout au long de leur road-trip écolo, ces jeunes soldats portent dans leur sac à dos un questionnement philosophique : l’homme n’aurait-il pas oublié qu’il n’est qu’un animal parmi d’autres ? Comment cohabiter avec certaines espèces de « mauvaise réputation », dénigrées par des mythes (le grand méchant loup) ou considérées comme nuisibles (les insectes) ?

En confiant la narration de ce plaidoyer à des ados, Cyril Dion évite toute attaque moralisatrice. Face au cynisme, à l’indifférence des politiques, la candeur de cette nouvelle génération lucide mais étrangement optimiste est une arme contre le fatalisme et la morosité.  A chaque image de désolation (marées noires, plages de plastique, forêts carbonisées) vient se percuter la beauté d’une faune sauvage, tandis qu’aux constats désabusés de certains économistes (la course effrénée à la croissance dérègle irrémédiablement la biodiversité), le film oppose les solutions de penseurs naturalistes. On pense notamment au beau témoignage de Baptiste Morizot, enseignant-chercheur et ami des loups, pour qui la clé du combat écolo réside dans une capacité d’enchantement plutôt que dans la colère néfaste : « L’amour des animaux ne doit pas servir à haïr les hommes », glisse-t-il à Bella.

Cyril Dion fait de cet adage humaniste, qui délaisse l’indignation au profit de l’émerveillement, le fil rouge de sa mise en scène. Patiemment, par un travail d’orfèvre, il initie alors un réapprentissage du regard. Sous sa caméra, une colonie de fourmis capturée en gros plan ou le bourdonnement musical des abeilles forment une harmonie qui restitue la perfection de l’écosystème naturel. Et nous rappelle qu’une vocation militante commence parfois par une émotion simple, ou l’évidence d’une image microscopique.

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