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À voir sur mk2 Curiosity : «L’humanité», le chef-d'œuvre monstrueux de Bruno Dumont

  • Hugues Porquier
  • 2024-02-22

Pour la sortie en salles de « L’Empire », on vous offre le deuxième long métrage de l’énigmatique Bruno Dumont. Triplement primé au Festival de Cannes 1999, « L’humanité » nous embarque dans l’univers bizarre et fascinant d’un cinéaste si singulier.

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Pour son deuxième long métrage, Bruno Dumont retourne à Bailleul, sa ville natale située entre Lille et Dunkerque, où il avait déjà filmé deux ans plus tôt La Vie de Jésus (1997). Comme un hommage, l’ancien prof de philo intègre l’histoire de sa commune dans son film. Le personnage principal, Pharaon, est l’incarnation du petit-fils de Pharaon de Winter, un peintre ayant réellement vécu dans cette petite ville de la Flandre française. Ce lieutenant de police est interprété à la perfection par Emmanuel Schotté, un ancien militaire sans aucune expérience d’acteur.

Alors qu’il est attendu au poste de police depuis deux heures, Pharaon, secoué par la violence d’un crime qui vient d’être commis, reste inerte, allongé face contre terre au milieu d’un champ. Ce retard est symptomatique de la différence de tempo entre l’homme et le monde qui l’entoure, bien trop cruel pour sa bonhomie naturelle. Sa locution lente, ses déplacements presque robotiques et son regard placide se mêlent à des plans longs, magnifiquement composés, qui créent ce faux rythme bressonien que l’on aime tant chez Dumont.

Contre toute attente, Emmanuel Schotté remporte le prestigieux Prix d’interprétation masculine du Festival de Cannes en 1999. Ce sera sa première et unique apparition au cinéma. On ne le reverra que 20 ans plus tard dans deux épisodes de Coincoin et les Z'inhumains (2018), la mini-série de Bruno Dumont. Un prix auquel s’ajoute celui du Jury - présidé par David Cronenberg - pour le film, et celui de l’interprétation féminine (ex-aequo) pour Séverine Caneele, également amatrice à l’époque.

Bruno Dumont : « France a plein de défauts, mais je la glorifie »

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Séverine Caneele partage ce prix avec Émilie Dequenne - dont c’est également le premier film - bluffante dans le Rosetta des frères Dardenne. Même si L’humanité adopte une démarche moins réaliste que Rosetta, les deux films brillent par leur singularité, et leur dimension sociale particulièrement prégnante. Ils se partagent la quasi-totalité des prix cette année-là.

Dans son essai Beauté fatale (2012), Mona Chollet évoque la réception critique de ces prix, “qui suintait le racisme social”. Des commentaires comme “Autant récompenser Babe le cochon” fusent ce soir-là.

Au programme également : Embarquez à bord du ciné-train soviétique, folle aventure initiée par le cinéaste Alexandre Medvedkine, qui confie ses souvenirs à Chris Marker dans le passionnant documentaire Le Train en marche (1971), à découvrir gratuitement.

Et si vous êtes pressé par le temps, on vous offre Jour et nuit (2008), un (très) court métrage d’une grande douceur, dans lequel le cinéaste Sébastien Lifshitz refuse les diktats des représentations genrées et conteste l’hétéronormativité.

Les César 2024, c’est demain ! À cette occasion, découvrez Ulysse, l’un des plus beaux films d’Agnès Varda, récompensé par le César du meilleur court métrage en 1983.

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