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« Le Processus de paix » d’Ilan Klipper : à l’amour comme à la guerre 

  • Léa André-Sarreau
  • 2023-06-13

Avec ce surprenant traité diplomatique et amoureux, le réalisateur explore les sentiers rebelles empruntés par un couple (Camille Chamoux et Damien Bonnard) au bord de la crise de nerfs.  

Il plane sur le nouveau film d’Ilan Klipper (révélé par Commissariat, superbe documentaire coréalisé avec Virgil Vernier en 2009) un air de comédie de remariage, telle que conceptualisée par Stanley Cavell pour désigner les comédies hollywoodiennes de l’âge d’or classique. Soit un couple marié et acculé, qui pour mieux se régénérer (et se retrouver) doit se séparer. Ici, il s’agit de Marie, journaliste radio (Camille Chamoux, coscénariste du film) et Simon, prof de fac (Damien Bonnard), parents de deux enfants turbulents, esclaves d’une routine qui a fini par avoir la peau de leur complicité. Ils s’aiment, mais ne se supportent plus. Sauf qu’en 2023, on ne divorce pas comme au temps de Lubitsch ou Hawks c’est-à-dire, en deux mots ?. On persévère en prenant des chemins de traverse. Voilà donc notre duo qui pactise autour d’une charte Universelle des droits du couple, ponctuée de commandements censés apaiser l’enfer domestique.  

Difficile de se frayer un chemin singulier sur le terrain, miné et rebattu, des scènes de la vie conjugale. Ilan Klipper en évite les écueils grâce à un sens toujours équilibré du détour. Le travers de l’étude de cas psychanalytique est évité grâce à une galerie de seconds rôles (Jeanne Balibar, en collègue éthéromane, Ariane Ascaride en mère post soixante-huitarde) qui offrent au couple principal un spectre infini et libérateur de modèles amoureux ; la structure rigide de la romcom est sans cesse dynamitée par des accidents imprévus ; chaque situation archétypale renferme un dénouement improbable. Tendu sur le fil de la cruauté – des scènes de disputes épuisantes pour le spectateur qui frôlent volontairement l’hystérie – et de la tendresse – une colorimétrie très chaude qui enrobe ses personnages dans un cocon rassurant -, cette comédie assume courageusement ses ruptures de ton et son hybridité, entre vertu populaire et exigence. La paix est peut-être loin d’être assurée, mais la liberté est au rendez-vous. 

Le Processus de paix d'Ilan Klipper, Le Pacte, 1h32, sortie le 14 juin

Image (c) Le Pacte

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