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« La Vie rêvée de Miss Fran » de Rachel Lambert : la poésie du quotidien

  • Enora Abry
  • 2024-01-08

[CRITIQUE] Après un premier long métrage explosif ("In the Radiant City", 2016), Rachel Lambert revient avec une œuvre aussi minimaliste que jolie sur la difficulté de se lier aux autres.

Condor Film a été bien inspiré en changeant le titre original, Sometimes I Think About Dying, pour le titre français La Vie rêvée de Miss Fran. Car ce film a bien plus l’allure d’un conte que d’un drame. On y suit Fran (incarnée par Daisy Ridley, bien connue pour son rôle de Rey dans la dernière trilogie Star Wars), une jeune employée de bureau habitant dans une petite ville portuaire de l’Oregon. Sa vie est bien réglée : elle prend son petit déjeuné dans une tasse fleurie qu’elle pose sur des napperons dans un décor de maison de poupée, puis va au bureau en traversant ce village aux maisons blanches qui n’est pas sans rappeler le Québec de Xavier Dolan, avant de s’installer à son bureau, seule.

Autour d’elle, la vie de l'open space suit son cours : les collègues discutent, se vannent, la stagiaire mange des chips… Mais Fran est en incapacité de rentrer en contact avec eux. Chaque plan la positionne à l'opposé du groupe. Pourtant, la volonté perceptible dans son regard, le fait qu’elle accepte d'assister à tous les événements de la vie de bureau (réunion, pot de départ) sans pour autant décrocher un mot, marque son envie de s’intégrer. Jusqu’au jour où un nouvel arrivant, Robert, lui propose d’aller au cinéma.

Si les premières minutes du film laissent présager une simple histoire d’amour, la suite du récit sait être plus fine. Pour Fran, il n’est pas encore question de passion, mais du fait de pouvoir s’ouvrir - parler de sujets profonds tout comme manier le small talk. Lors d’un dîner chez Robert - qu'on devine comme sa première invitation chez quelqu'un -, la mise en scène s'attarde délicatement sur ses tâtonnements. Elle tourne en rond en silence, pose des questions maladroites (sur sa vie sentimentale, familiale, les raisons de ses divorces), tente de l’embrasser, persuadée que c’est ce qu’elle doit faire, avant de se raviser. La caméra suit au plus près chacune de ses tentatives, qui provoquent rires ou gênes. Le tout bercé par la douce musique de Dabney Morris, séduit par sa justesse et - parfois - son humour.

La vie rêvée de Miss Fran de Rachel Lambert, Condors Film (1h31), sortie le 10 janvier 2024

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