
Après Spectateurs ! (2024), sa parenthèse méta et intime sur son rapport au septième art, Arnaud Desplechin revient à ses premières amours en sautant à pieds joints dans le drame romanesque. Coécrit avec le multicasquette Kamen Velkovsky, sous le regard de la romancière Anne Berest, Deux Pianos raconte les destins croisés de Mathias Vogler (François Civil), pianiste aussi torturé que talentueux, de retour à Lyon après un long périple, et celui de Claude (Nadia Tereszkiewicz), son amour de jeunesse, qu’il découvre mère d’un jeune garçon qui lui ressemble étrangement…
En arrière-plan, l’agent de Mathias, le fantasque Max (Hippolyte Girardot), et le mentor du musicien, la magnétique Elena (Charlotte Rampling), qui souhaite le diriger à l’occasion d’un concerto pour piano donné à l’Auditorium de Lyon. C’est au fil de cette partition mouvementée que le cinéaste déploie, caméra à l’épaule, son style fétiche, très littéraire et parfois frivole, nourri d’inspirations classiques (il a pris comme modèles deux personnages féminins du Rouge et le Noir de Stendhal).
Deux Pianos joue ainsi crescendo et enferme peu à peu ses personnages dans leurs sentiments, hantés par les fantômes du passé. Alors qu’ils tentent de recomposer l’amour et d’échapper à la solitude, la musique agit sur eux comme une boussole.
Deux Pianos d’Arnaud Desplechin, sortie le 15 octobre, Le Pacte (1 h 55)