
Professeur de traduction exilé aux États-Unis, puis revenu dans sa Turquie natale, Ali (Ekin Koç) fait face au décès accidentel de sa mère. Très vite, il soupçonne son père, tyran aux airs doucereux. L’arrivée de Reza, jardinier vagabond (Erkan Kolçak Köstendil), réveille en lui le souvenir d’un vieux traumatisme et le désir de vengeance envers ce chef de famille despotique…
Il y a d’abord quelque chose du cinéma de Nuri Bilge Ceylan dans ce film cruel, à la précision redoutable : l’aridité de la montagne turque, qui répond à la sécheresse des rapports humains ; un rythme lent et implacable, tendu jusqu’au craquellement des non-dits ; l’implosion du silence. Et un système de symboles se répondant : un puits où l’on refoule la vérité, une étendue d’eau où l’on noie le passé. Mais, sans heurts, ce programme balisé déraille sur un terrain inconnu, lynchéen, troublant.
Par une pure trouvaille de mise en scène dont il faut préserver le secret, Alireza Khatami (coréalisateur de Chroniques de Téhéran en 2024) matérialise le trouble identitaire de son héros : comment devenir père malgré le père qu’on a eu, exorciser un héritage maudit ? La réponse du film, construit comme un jeu de miroir à la Dr Jekyll et Mr Hyde, est aussi inquiétante que grisante.
The Things You Kill d’Alireza Khatami, sortie le 23 juillet, Le Pacte (1 h 53)