« Dìdi » de Sean Wang : l’âge ingrat

Sorti du laboratoire de Sundance, « Dìdi » s’impose comme le coming-of-age de l’été. Son auteur, Sean Wang, évite les écueils du genre par la finesse de son écriture, mais surtout par son regard d’une tendresse infinie.


Dìdi
(L to R) Izaac Wang as "Chris" and Mahaela Park as "Madi" in writer/director Sean Wang's DÌDI, a Focus Features release. Credit: Courtesy of Focus Features / Talking Fish Pictures, LLC. © 2024 All Rights Reserved.

Il fut un temps pas si lointain où Mark Zuckerberg n’avait pas encore échantillonné l’humanité sur Facebook. Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, où les jackasses rigolards partageaient leurs caleçonnades sur YouTube, où les ados cataloguaient leurs amis sur Myspace.

Tête encapuchée, dents baguées, Chris (Izaac Wang), 13 ans, est l’un de ces enfants du numérique aux blases multiples : Dìdi (« petit frère » en mandarin) dans le cercle familial, Wang-Wang entre potes, bigwang510 sur les Internets. Une identité diffractée pour mieux trouver sa place à un âge bardé d’incertitudes où les mecs montrent leurs frêles muscles à défaut de savoir faire les jolis cœurs. Dìdi, l’ado aux fraises, se bastonnera (mal), mythonnera (en vain) et dragouillera (timidement) dans la chaleur de l’été 2008, en Californie.

Après avoir fait ses classes dans le documentaire, le jeune Sean Wang, 31 ans à peine sonnés, revisite l’âge ingrat dans un premier long métrage de fiction à la jonction du récit d’apprentissage et de la chronique estivale.

D’aucuns s’empresseront à tort de faire de Dìdi un cousin plus sage de 90’s de Jonah Hill. Car Wang délaisse bien vite les planches à roulettes au profit des désirs contrariés du gamin éponyme. Tantôt maladroit, tantôt cruel, mais profondément attachant.

Dìdi de Sean Wang, Condor (1 h 33), sortie le 16 juillet