
1986 : Le travestissement de Coluche
Pour la cérémonie d’ouverture de 1986, l’humoriste Coluche débarque bras dessus bras dessous avec une petite nouvelle, l’actrice Béatrice Dalle, révélée cette année-là dans le film 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix et visiblement amusée par l’accoutrement atypique de son cavalier. Coluche se travestit dans un style kitsch purement grotesque, semblable au look de mariée de ses noces factices avec le comédien Thierry Le Luron l’année précédente. Un happening mémorable qui déjouait avec humour les règles hyper genrées du tapis rouge.
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1991 : Les seins coniques de Madonna
En 1991, Madonna sort tout juste de sa tournée triomphale, le Blond Ambition Tour, qui consacrait l’interprète de Like a Virgin au rang d’icône mondiale. La chanteuse monte alors les marches du festival pour présenter son documentaire In Bed with Madonna d’Alek Keshishian, qui dévoile les dessous de son récent tour de chant. À son arrivée sur le red carpet, la foule en délire scande son nom, tandis qu’elle avance, tout sourire, dans son peignoir de satin rose, arborant une intrigante coiffure brune japonisante. Ce n’est qu’une fois en haut des marches que la reine de la pop laisse finalement tomber son peignoir et révèle un ensemble de lingerie nacrée, shorty et soutien-gorge conique, imaginée par le créateur français Jean-Paul Gaultier. Un affront au dresscode et une leçon de style qui a marqué l’histoire de la mode.
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2016 : Les pieds nus de Julia Roberts
Présente en 2016 pour défendre le film Money Monster de Jodie Foster, aux côtés de son partenaire à l’écran George Clooney, l’actrice Julia Roberts s’est naturellement déchaussée pour fouler les vingt-quatre marches du Palais des Festival. La presse y verra une réaction aux polémiques ayant secoué Cannes l’année précédente, lorsque plusieurs femmes s’étaient vues refuser l’entrée de la projection du film Carol de Todd Haynes parce qu’elles ne portaient pas de talons. La principale intéressée, qui avait déjà attiré l’attention en 1999 en laissant apparaître ses aisselles poilues à l’avant-première de Coup de foudre à Notting Hill, ne commentera jamais son geste, laissant seulement à la postérité l’image d’une femme libre et heureuse, visiblement hyper amusée par son geste. La désobéissance serait-elle la clé du bonheur ?
2021 : Les baskets Nike et le costume rose de Spike Lee
Pour sa première montée des marches en tant que Président du jury, le réalisateur américain Spike Lee impose un style chic-décontracté super flashy, bien loin des monotones costumes noir habituels. Pour ce faire, il choisit un costume rose fuchsia Louis Vuitton, imaginé par le regretté Virgil Abloh, alors directeur artistique à la tête des collections homme de la maison. Exit également le nœud papillon et les chaussures de ville pour le cinéaste, qui leur préfère une chemise blanche dépouillée et une paire de Air Jordan uniques en leur genre. Des baskets Nike qui arborent les couleurs du drapeau français et se parent de la tête du réalisateur avec les mentions « Festival de Cannes » et « Jury President ». Un modèle commercialisé à seulement cinq exemplaires dans le monde. On a bataillé pour les avoir mais on n’a rien pu faire !
2024 : La robe « rouleau de tissu » de Bilal Hassani
Délirant dans son rôle de fan hardcore et ultra botoxé chez Alexis Langlois dans son génial Les Reines du drame, présenté en ouverture de la Semaine de la critique, Bilal Hassani était à Cannes l’année dernière avec toute l’équipe du film pour soutenir cette histoire d’amour queer entre une reine de la pop et une artiste butch et punk. L’occasion pour l’acteur et chanteur français de faire également une apparition lors de l’avant-première de The Apprentice d’Ali Abbasi. Il est alors vêtu d’une surprenante création en forme de rouleau de tissu, œuvre de l’étudiant Eden Tan, issu de sa collection de fin d’études de la Central St Martins de Londres. Un look tout en jean qui brouille les frontières entre mode et performance.