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Compte-rendu: les nuits cinéphiles de Cinéma Paradiso Louvre

  • Léa André-Sarreau
  • 2019-07-29

Du 19 au 26 juillet, le temps d’une parenthèse à l’air libre, le Louvre et mk2 ont proposé de revoir sous un œil nouveau 8 films inoubliables. Un événement convivial et exigeant, destiné à réveiller notre âme d’enfant sous les arches de ce lieu intemporel qui a conservé dans sa pierre une mémoire cinéphile.

Juste en dessous du magistral pavillon de l’Horloge et des statues silencieuses qui le bordent, des couples de danseurs s’essayent au tango et des joueurs improvisent une partie de ping-pong, tandis que d’autres ont décidé de passer directement à l’apéro, un verre de vin et des assiettes à la main. C’est entre ses murs royaux qu’Isabelle Adjani courrait, les mains ensanglantées et le visage blême, pour échapper à son destin dans La Reine Margot de Patrice Chéreau, sorti en 1994.

Et c’est dans ce lieu rempli d’histoire et de mémoire cinéphile que le musée du Louvre, en partenariat avec mk2, a choisi d’installer pendant une semaine dans sa cour Carrée un écran éphémère, pour proposer aux spectateurs de revoir gratuitement à ciel ouvert 8 films à la fois populaires et exigeants. Sur une toile de 24 mètres de haut, conçue comme une fenêtre sur le monde où défilent les paysages arides d’Indiana Jones et la Dernière Croisade, les campagnes françaises de Visages Villages et le New-York romantique de Quand Harry rencontre Sally, curieux et habitués ont redécouvert ces œuvres cultes dans un cadre onirique.

Il est 22h lorsque la lumière du jour commence à décliner. La piste de danse se vide subitement, le bruit des boules de pétanque cesse et les odeurs de food truck se font plus lointaines. Comme un air de nostalgie mêlé d’impatience flotte sur le visage des spectateurs, qui sont justement venus voir pour cette quatrième soirée un film en forme de déclaration d’amour au 7e art : Cinema Paradiso de Giuseppe Tornatore. Alors que les visages complices d’Alfredo et Totò, dissimulés derrière leur cabine de projection, envahissent l’écran sur la partition d’Ennio Morricone, on sent que ces images résonnent entre les colonnes du palais comme des souvenirs lointains et intimes dans le public, jusqu’à cette séquence magique du ciné-club en plein air où éclate l’orage, et qui ouvre soudainement une magnifique mise en abyme à l’assistance.

Car c’est bien l’idée d’un cinéma rassembleur, capable de fédérer tous les âges et toutes les sensibilités, qui forme le fil conducteur de l’événement, et que l’on sent encore plus palpable lors de l’avant-dernière soirée, où Le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki est montré. Pour certains, il s’agit de retrouvailles en plein air avec un film qui a terrorisé et émerveillé leur enfance –comme Justine, qui a vu le film à sa sortie en 2001 alors qu’elle n’avait que 10 ans. Pour d’autres, ce rendez-vous nocturne a le goût de la première fois –comme Dana, qui découvre avec stupeur la richesse de ce conte initiatique sur les peurs de l’enfance et la puissance de l’imagination. A l’image de ces spectateurs qui n’ont rien perdu de leur ingénuité et tremblent encore à la vue de la sorcière de Yubaba et connaissent par cœur les mimiques du Sans-Visage, le film n’a pas pris une ride. Il fallait peut-être seulement le revoir au sein de ce lieu irréel et hors du temps pour s’en apercevoir.

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