« Des Vivants » : une série chorale et intense sur les rescapés du Bataclan

La nouvelle série de Jean-Xavier de Lestrade (« Sambre »), consacrée à un groupe de survivants des attentats du Bataclan, joue sur un rythme lent pour explorer tous les recoins du traumatisme et de la reconstruction. Exigeant et brillant à la fois.


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"Des Vivants" (c) What' s Up Films

À l’heure où l’attention est un bien très précieux, certaines plateformes prévoient que l’on regardera leurs séries un téléphone à la main ou en lavant la vaisselle. Il n’est alors de plus grand panache que celui d’oser prendre son temps intelligemment. Indéniablement, du panache, Jean-Xavier de Lestrade en a.

Après Laëtitia et Sambre, deux miniséries remarquables sur des affaires de féminicide, le voici qui s’attaque de nouveau à une histoire vraie : celle d’un groupe de personnes prises en otage le 13 novembre 2015 dans un couloir du Bataclan, toutes devenues amies par la suite. De leur sortie de l’enfer, hagardes et désemparées, jusqu’au procès retentissant qui s’est tenu en 2021, Des vivants suit leur réparation. Celle-ci sera aussi personnelle que collective, aussi lente que sinueuse, et la première grande qualité de la série est d’avoir parfaitement traduit les flux et reflux des traumatismes. Extrêmement précise et documentée – les producteurs ont passé un an et demi avec les ex-otages afin d’obtenir l’accord de chacun pour les figurer à l’écran –, la fiction s’appuie d’abord sur un excellent casting, à la tête duquel on retrouve la géniale Alix Poisson.

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Véritable troupe, ces comédiens et comédiennes parviennent à embrasser des personnages complexes, loin d’être héroïques, et à donner du corps à des scènes a priori triviales – une bière entre potes, un barbecue – qui deviennent ici l’essence même de l’existence. En se permettant d’étirer ces scènes, d’aller au bout des chansons entonnées ou des noms des victimes égrenés lors des commémorations, Jean-Xavier de Lestrade ne se contente pas de rendre un hommage respectueux aux vies fracassées par le terrorisme. Il figure aussi quasi littéralement le temps, facteur déterminant de la guérison, et pose au spectateur la question de l’étendue de son empathie. Jusqu’où serons-nous capables d’entendre que toutes les douleurs ne se pansent pas et que certains fantômes ne disparaîtront jamais ?