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Les pubs de David Lynch sont-elles lynchéennes?

  • Trois Couleurs
  • 2017-03-27

La pub ? « Bullshit », disait le réalisateur de Mulholland Drive à propos du placement de produit dans une interview de 2007, accordée à l’AFI International Film Festival (vidéo ci-dessus). Pourtant, depuis la fin des années 1980, Lynch n’a cessé de réaliser des spots de pub, qu’il s’agisse de produits de luxe (Dior, Calvin Klein, Louboutin) ou bien qu’il s’agisse de consoles de jeux (Playstation 2) ou même des pâtes (avec Gérard Depardieu !).  Mais l’artiste, puisqu’il est aussi peintre, n’est pas du genre à se défiler. À ceux qui trouvent qu’il y a là une contradiction il répond, comme dans cet extrait d’interview :

« – Je pense toujours que c’est de la merde.

Alors pourquoi le faîtes-vous ? 

Pour gagner de l’argent ! »

Grâce à Little White Lies, on retrouve avec fascination son esthétique sombre et fantastique, son sens de l’absurde dans ses publicités. Donc voilà ce qu’a fait Lynch, entre 1988 et 2014, « pour gagner de l’argent » :

https://www.youtube.com/watch?v=tQyUFFjAKYA

Obsession – Calvin Klein (1988)

Le jeune Benicio Del Toro récite dans cette pub en noir et blanc des extraits de Francis Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway et D.H. Lawrence aux côtés de James Marshall (le futur cycliste appelé James Hurley dans Twin Peaks) et Heather Graham (qui apparaîtra dans la saison 2 de la série !).

Georgia Coffee (1991)

Avec le cast de Twin Peaks, le réalisateur a tourné pas moins de 4 pubs pour des marques très… variées. Comme par exemple cette marque de café froid commercialisée au Japon. Le plus bizarre, c’est que c’est efficace, sûrement grâce à la présence de l’agent Dale Cooper !

« We Care About New-York » PSA (1991)

La même année, David Lynch a répondu à une commande de la ville de New-York pour sensibiliser la population sur les questions sanitaires, en insistant bien sur la dératisation. Noir et blanc, vision apocalyptique, musique stridente, le monde vu par Lynch, même en pub, est toujours aussi pétrifiant.

« Who is Gio » – Giorgio Armani (1992)

Pour commercialiser le parfum de cette grande marque, le réalisateur a joué sur différentes atmosphères : on retrouve la ville, sale et surpeuplée, mais elle bascule soudain dans une ambiance cubaine, une musique chaleureuse et rythmée. En robe Armani, le mannequin se laisse entraîner façon Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme dans une folle danse, illuminée par les flashs. Et puis d’un coup, le piano reprend, le parfum est mis en évidence et c’est le clap de fin. On ne comprend pas toujours tout chez Lynch (et c’est ce qui fait son charme !).

« Opium » – Yves Saint Laurent (1992) 

Ralentis, gros plans embrumés, fondus et piano… Pour le parfum d’Yves Saint-Laurent, le réalisateur fait dans la dentelle.

Barilla Pasta (1993)

Gérard Depardieu part à la rescousse d’une petite fille blessée et la réconforte… avec des pâtes Barilla.

Teaser de l’album Dangerous  – Michael Jackson (1993)

Quand un OVNI de la musique rencontre un OVNI du cinéma, ça donne ça.

« Parisienne Cigarettes » (1998) 

L’industrie du tabac « like » cette publicité toute en reverse motion (le ministère de la Santé aime moins !). Little White Lies nous apprend que, pour cette marque, plusieurs réalisateurs – dont Jean-Luc Godard et les Frères Coen -, avaient carte blanche pour réaliser ces clips.

« The Third Place » – Playstation 2, Sony (2000)

Sony a demandé au réalisateur d’inventer un « troisième monde » virtuel. Du pain béni pour David Lynch, qui peut nous faire entrer dans un autre monde peuplé de créatures toutes plus bizarres les unes que les autres.

Nissan Micra (2002) 

« Vous parlez le Micra ? » Parti de ce concept, Lynch a tourné un clip surréaliste, allant jusqu’à s’inspirer de Magritte : « Je crois que c’est Magritte qui a imaginé des lèvres suspendues dans le ciel. C’est un peu ce que j’ai essayé de faire avec ces immenses lèvres qui communiquent dans une ville ultra-moderne et très graphique. »

« Lady Blue Shanghai » – Dior (2010)

Maintenant, vous saurez que Marion Cotillard a tourné pour David Lynch ce qui peut être perçu comme un vrai court-métrage. Questionnement sur l’identité, la perte de la mémoire, le sentiment de déjà-vu et impliquant des personnages énigmatiques, à l’autorité sûre mais étrange, on reconnaît bien la touche du réalisateur inspiré, cette fois-ci, par les motifs de Shanghaï.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=216&v=p5SHjEdJ87g

« David Lynch Signature Cup Coffee » (2011) 

Pour sa propre marque, David Lynch s’est mis en scène avec une… Barbie. Dans ce dialogue absurde, le réal s’occupe des questions et des réponses. Outre sa manière – un peu creepy quand même – de tenir la poupée, c’est l’une de ses pubs les plus simples et les épurées.

Rouge – Louboutin (2014)

Ce clip en animation 3D étonne. Sur ordinateur, le réalisateur joue avec l’ombre, la lumière et les lignes d’horizon.

Pas si « bullshit » que ça, finalement, la pub…

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