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Regardez « Black Panthers » d’Agnès Varda, un documentaire radical et déterminé à voir sur mk2 Curiosity

  • Quentin Grosset
  • 2020-04-23

En 1968, au moment où ouvriers et étudiants français bouleversent l’ordre en place en France, Agnès Varda se tourne vers une autre révolte, celle du Black Panther Party aux États-Unis, à Oakland. Dans un documentaire radical et déterminé, elle évoque la répression policière en adoptant le ton révolutionnaire des militants qu’elle filme. À voir gratuitement pendant une semaine sur mk2 Curiosity, en partenariat avec Ciné-Tamaris.

Pour lancer le film, cliquez sur la vidéo ci-dessous.

Mise à jour 27/07/2020 : ce film n’est plus disponible. Retrouvez tous les films Curiosity mis en ligne ici.  

Agnès Varda à propos du film*

« Black is beautiful. Noir c’est noir, et l’Histoire ondule de mouvements en mouvements. 1968. En France, depuis le mois de mai, les revendications et les espoirs s’expriment violemment. Aux États-Unis, la communauté noire s’active autour du procès d’un leader des Black Panthers. Ce parti, ce mouvement, veut agir et établir des théories et des pratiques : Mind and Body Theory. Pascal Thomas obtient qu’on filme un entretien dans la prison de Huey Newton. Moi je viens de Los Angeles dès qu’il y a une manifestation, un meeting ou une marche. Je dis « French Television », je souris et je circule librement parmi les grands Noirs qui font leur entraînement.

Je filme avec une caméra 16 mm prêtée par des activistes de l’Université de Berkeley. Les leaders font leurs discours : Bobby Seale, Eldridge Cleaver… Les femmes aussi expriment leur désir d’agir, de prendre des décisions et leur fierté d’être noires. Quant aux enfants, ils dansent sur l’air de : « Il faut Libérer Huey ! Il faut Libérer Huey ! ». Je crois que ce film court témoigne d’un moment précis et court de l’Histoire tourmentée des Noirs Américains. »

Agnès Varda à propos du tournage de Black Panthers*

« C’est Tom Luddy qui me fit rencontrer leurs responsables en 1967, au moment où le procès de Huey Newton les mobilisait. On décida que je tournais pour la Télévision Française, ce fut un passeport oral bien convenable. Tom obtint d’interviewer Newton en prison. Les Eldrige et Kathryn Cleaver, les Bobby Seale et Carmichael m’acceptèrent aussi. Ils parlèrent pour la caméra que tenait John S. ou Tom L. ou moi. Paul Aratow faisait le son.

Nous circulions parmi les groupes rassemblés chaque dimanche à Oakland, dans des jardins publics. Des gamins dansaient et tous scandaient des slogans comme s’ils chantaient le gospel. Ils récitaient les points de leur programme avec un enthousiasme qui fait peine à revoir, aujourd’hui que la plupart de leurs chefs les ont trahis et que la cause des Noirs a pris un autre tour.

Il me semblait capter quand je les filmais une prise en charge d’eux-mêmes qui avait une belle équivalence en les Femmes découvrant qu’elles pouvaient penser la théorie et organiser l’action sans le secours d’anciens penseurs.

Pour les Femmes, malgré les coups de frein de l’Histoire du féminisme, les choses avancent mieux que pour les Noirs. »

*Source : Ciné-Tamaris

La période américaine d’Agnès Varda

Agnès Varda débarque aux États-Unis à l’automne 1967 pour présenter son film « Les Créatures dans un festival » de San Francisco, et elle en profite pour commencer sa période américaine : Uncle Yanco (1967), Lions, Love And Lies (1969)… Le producteur Tom Luddy, qui dirigeait la Pacific Film Archives, lui fait alors rencontrer les responsables du Black Panther Party, alors que les manifestations autour du procès de Huey Newton, cofondateur de l’organisation avec Bobby Seale, battent leur plein à Oakland.

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Une émission de télévision française profite de la présence de Varda sur place pour lui commander ce reportage sur le sujet, Black Panthers, qui ne sera finalement pas diffusé – pour ne pas réveiller les feux de mai 1968 – on était à l’automne 1968. « C’était un moment éphémère où le Black Panther Party était encore cohérent, organisé, avec un programme en dix points et un entraînement militaire. Ils étaient persécutés par les pigs qui n’hésitaient pas à briser leurs vitrines. Je m’avançais vers eux avec un accent bien français et je disais : “French televi­sion.” C’était un mot magique à l’époque » nous confiait-elle en 2014, lors de la ressortie en salles du film.

Pour ce film, Agnès Varda et Pascal Thomas, son assistant, réussissent à avoir une rare interview de Newton, en prison. Varda insiste aussi sur la place de l’image (tracts, bannières, badges, tee-shirts, permettent de faire entendre une voix couverte) dans le mouvement Black Is Beautiful et sur le rôle primordial des femmes dans la lutte du parti. On est saisis par la force combative des regards caméras captés par la cinéaste en amorce, derrière lesquels des meetings se tiennent pour la justice, l’éducation et la paix.

Image de couverture : © Ciné-Tamaris

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