
Diffusée de 2012 à 2017 sur HBO, Girls a sans nul doute changé le paysage sériel à jamais. Parce qu’elle s’est concentrée sur des femmes paumées mais maîtresses de leur vie, parce qu’elle a montré des corps différents et abordé sans fard la question du consentement, la fiction imaginée par Lena Dunham s’est frayé un chemin vers les qualificatifs, à l’usage pour une fois justifié, « culte » et « générationnel ».
Huit ans plus tard, Too Much marque le retour de l’Américaine aux manettes. Et s’inscrit dans l’héritage de Girls en reprenant sa figure phare, la « messy millennial woman », trentenaire un peu bizarre.
Il s’agit ici de Jessica, chargée d’organiser des tournages de publicités avec des stars – délicieux caméos de Jessica Alba ou Rita Ora. Sur son temps libre, elle réalise aussi des vidéos privées dans lesquelles elle s’adresse à la nouvelle copine de son ex, influenceuse. C’est que la rupture fut brutale, si brutale que Jessica accepte une mutation à Londres. Elle y fait la rencontre des Anglais, qui n’ont ni ses références ni son vocabulaire, et semblent irrémédiablement coincés. Mais surtout celle de Felix, rockeur revenu de ses addictions.

Révélée dans Hacks, Megan Stalter impose son charisme fou face à un Will Sharpe décidément prêt, depuis The White Lotus, à conquérir les écrans. Merveilleusement bien écrite, peuplée de personnages secondaires hilarants et plus divers que dans Girls (série parfois taxée d’être trop blanche et hétéro), Too Much prend un malin plaisir à déjouer les attentes : les disputes ne tournent pas toujours au drame, et l’enjeu n’est pas tant d’accepter les défauts de l’autre que d’apprendre à vivre avec les siens. Lena Dunham tire son chapeau à celles et ceux qui assument d’être trop et nous raconte un monde qui souffre peut-être, au contraire, du repli de l’expression de nos envies derrière les conventions.
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