
Nom : Erwan Templé
CV : Il bidouille sur des ordinateurs depuis son enfance, dans les années 1980. Adulte, il commence par travailler dans le secteur du multimédia, crée des sites Internet et débarque au cinéma par l’intermédiaire d’un ami chef-décorateur. Depuis, on a pu voir ce brillant autodidacte au gé-nérique d’une quantité affolante de productions pour le grand et le petit écran. Pour preuve : quatre films sur lesquels il a œuvré sont sortis ou vont sortir en 2025 ! C’est le cas, le 14 mai, du thriller Le Domaine de Gio-vanni Aloi.
Fiche métier
Au cinéma, le graphic designer conçoit les éléments qui apparaissent sur un écran présent à l’image, du plus petit (un smartphone) au plus grand (un écran de cinéma). Ce métier nécessite de concevoir une folle variété de contenus : texto, traitement de textes, jeux vidéo, imagerie médicale, réseaux sociaux, moteurs de recherche, etc.
Qu’est-ce qu’un graphic designer de cinéma ?
Concrètement, je conçois toutes les images affichées sur un écran apparaissant dans le film : moniteurs, ordina-teurs, etc. La plupart du temps, je suis intégré à l’équipe du chef-décorateur, mais je suis rapidement en lien direct avec la réalisation. Mon travail débute donc en préproduction – puisque mes créations doivent pouvoir être diffu-sées et filmées –, mais se termine souvent en postproduction, puisqu’il arrive que l’on doive modifier ce qui a été tourné au stade du montage. Je dois alors fournir aux équipes un nouveau contenu des effets spéciaux visuels.
Comment est-ce que vous procédez quand apparaît sur ces écrans une grande quantité de texte, par exemple de l’écrit ou des lignes de code ?
C’est une partie du travail qui a beaucoup évolué ces dernières années avec l’apparition de l’intelligence artificielle. Auparavant, si je devais, par exemple, faire apparaître des pages de journaux ou des sites web, je devais tout rédiger. C’était extrêmement chronophage. Aujourd’hui, je peux générer du texte pour, par exemple, créer de faux commen-taires sur un réseau social. Même si je repasse toujours derrière le texte généré, l’I.A. a beaucoup fait évoluer mon poste : elle me décharge d’une part très fastidieuse du métier.
Que se passe-t-il quand un personnage provoque l’apparition du contenu à l’écran, par exemple en ta-pant un texte ou une programmation ?
Dans ce cas-là, je dois libérer à la fois le comédien et la réalisation. Ainsi, tout est automatisé : l’acteur peut taper sur n’importe quelle touche du clavier, et le texte, défini par avance, s’écrit de lui-même. Dans ce cas-là, je dois également fournir à la production un programme qui permettra, à la dernière minute, de modifier le texte.
J’imagine que vous trichez constamment, dans la mesure où certaines images que vous devez concevoir seraient beaucoup trop chères et longues à fabriquer s’il s’agissait de contenus authentiques…
Oui, il y a beaucoup de petites astuces utilisées pour faire illusion. Cela dit, il nous arrive de faire des choses aussi complexes que des jeux vidéo. Il y a parfois des besoins spécifiques dans un scénario, ou bien on ne peut pas utiliser certains jeux vidéo pour des questions de droit d’auteur. C’était le cas pour le film Doux Jésus [de Frédéric Quiring, sorti en avril dernier, ndlr] par exemple. Il faut donc être très polyvalent dans mon métier, savoir faire de l’infogra-phie, des effets spéciaux, de la 3D ou encore de la programmation.
Le Domaine de Giovanni Aloi, Capricci Films (1 h 31), sortie le 14 mai