On ne l’attendait pas forcément là et pourtant, dès les premières pages, l’évidence frappe. Rebeka Warrior ajoute une corde à son arc déjà bien armé en réussissant l’exercice de l’écriture romanesque. Avec son style concis, direct et souvent un humour cathartique qu’on lui connaissait déjà comme parolière, elle retrace de manière lucide et vertigineuse sa grande histoire d’amour avec Pauline, puis l’accompagnement de celle-ci dans la maladie.
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Ici, pas d’afféteries parfois inhérentes à l’autofiction : d’événements et d’épreuves bouleversants, Rebeka Warrior tire un récit limpide, humble et sincère. Si elle scande son récit à la première personne (dans lequel elle ne change pas les prénoms par rapport à la réalité) d’extraits de livres d’Hermann Hesse, de Thomas Mann, d’Hervé Guibert, de Rousseau ou de Sartre, ce n’est jamais par snobisme mais, déjà, en confessant avec humour son identification avec ces « vieux philosophes cis blancs et morts ». Et, surtout, pour ressusciter avec précision les pensées qui l’ont aidée à traverser la mort. Ou plutôt, à l’atteindre et à en revenir.
De la même façon, elle reproduit avec une apparente simplicité des morceaux de ses journaux intimes jusqu’aux passages les plus noirs, parfois les plus honteux. Dans des styles très différents mais une démarche proche de celle d’Annie Ernaux, il s’agit ainsi d’enquêter sur son passé, sur ses souvenirs, ses émotions, ses hontes, donc, et la manière dont le temps les a travaillés.
Toutes les vies, c’est celles que Pauline aurait pu avoir, mais aussi celle de Rebeka Warrior. S’éclaire alors tout le projet et particulièrement les paroles du groupe Kompromat, qu’elle a monté avec son acolyte Vitalic pour transformer cette histoire par l’art. Et sa quête éperdue de transcendance, moins pour trouver du sens à la vie et au deuil que pour comprendre que, peut-être, toutes les vies peuvent tout simplement exister en même temps.
Toutes les vies de Rebeka Warrior (Stock, 288 pages), parution le 20 août
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