LIVRE — « Observations en trois lignes » d’Emmanuel Venet

Le titre est un clin d’œil aux Nouvelles en trois lignes de l’écrivain Félix Fénéon qui, au début du siècle dernier, avait élevé les entrefilets de la rubrique des faits divers au rang du bijou littéraire miniature.

Psychiatre de profession, Emmanuel Venet a consigné 367 cas rencontrés dans le cadre de son activité hospitalière, en trois lignes maximum. « Depuis qu’elle a perdu Alain, Rose X. ne pense plus qu’au suicide. Certes, elle est riche, a des petits-enfants brillants et possède une villa sur la Côte d’Azur. Mais plus rien ne l’intéresse depuis qu’Alain est décédé. C’était un Jack-Russel-terrier. » Souvent drôles, parfois bouleversantes dans ce qu’elles disent des vies fracassées, des situations de détresse, des repères perdus, des addictions qui détruisent, de la résignation, ces micronouvelles sont une galerie de portraits sensationnelle, un regard sur les marges de notre société, et un hommage aux vertus de la forme brève.

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En trois lignes, Venet dit tout : l’injustice du monde, la violence des situations vécues, mais aussi l’humour absurde et la logique implacable des fous, qui confine à la poésie, à la métaphysique, voire à la littérature fantastique. « Il y a un mois, Sarah X. a garé sa mobylette rue Bleuler, et ne l’a pas retrouvée : preuve que sa mobylette est devenue transparente. » CQFD ! Ce livre-ovni, inclassable et poignant, est aussi un objet de toute beauté, avec sa couverture rouge à vignette et son format à l’italienne.

Observations en trois lignes d’Emmanuel Venet (La Fosse aux Ours, 100 p., 14 €)