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Focus sur l’étonnant « Chaque jour à sa place » d’Oliver Sacks

  • Bernard Quiriny
  • 2020-04-01

Chaque chose à sa place. Premières amours et derniers récits d’Oliver Sacks

Mort en 2015, Oliver Sacks reste le plus connu des neurologues grâce à ses livres de vulgarisation et à ses récits cliniques sur des patients atteints de lésions cérébrales comme L’Éveil, qui a inspiré le film de Penny Marshall sorti en 1991, ou L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau. À mi-chemin entre l’essai savant et le reportage littéraire, ses textes sur les mystères du cerveau sont devenus un genre à part entière, proches parfois de la littérature fantastique, avec leurs héros confrontés à des dérèglements quasi surnaturels. Parmi ses patients figurent des célébrités comme l’acteur Spalding Gray, qu’il a soigné dans les années 2000. À la suite d’un accident de la route, Gray a sombré dans une profonde apathie, accompagnée de ruminations obsessionnelles du passé. «Les symptômes de Spalding étaient-ils dus à sa lésion frontale, à sa grave dépression ou à la combinaison maligne de ces deux facteurs?» Publiée dans The New Yorker peu avant la mort de Sacks, son étude sur Gray figure dans Chaque chose à sa place, ouvrage posthume qui mélange textes autobiographiques et récits cliniques écrits au fil des années 1990 et 2000.

Anecdotiques mais plaisants, les souvenirs de Sacks témoignent de son insatiable curiosité scientifique et de sa sagesse de vieux druide pragmatique, qui conseille à ses lecteurs, pour soigner leur cerveau, de passer le plus de temps possible dans leur jardin. Mais ce sont comme toujours ses récits cliniques qui font l’intérêt du livre, avec des exposés fascinants sur la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les troubles bipolaires ou le syndrome de Gilles de La Tourette, cette affection spectaculaire reconnaissable aux tics physiques et verbaux des malades, qui peuvent aller jusqu’à l’émission irrépressible d’obscénités. Sacks nous conduit ainsi à La Crete, en Alberta, où vit une communauté de tourettiens membres d’une famille mennonite atteinte depuis plusieurs générations… Dans un autre récit très étonnant, il évoque le cas d’un malade de la thyroïde dont la température a baissé jusqu’à 17,5 °C, provoquant l’arrêt quasi complet de son métabolisme. «Vivant sans vivre vraiment, il était en suspens, tel le contenu d’une chambre froide.» Un Hibernatus authentique, qui prouve qu’en matière médicale la réalité dépasse souvent la fiction. 

« Chaque chose à sa place. Premières amours et derniers récits » d’Oliver Sacks, traduit de l’anglais par Christian Cler (Christian Bourgois, 300 p.)

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