Peaux d’images en latex pendant sur des structures en tube métalliques ou ondulant dans un biotope aquatique, les « sculptures photographiques » de l’artiste néerlandaise entretiennent un dialogue entre l’humain et le non-humain, l’organique et l’artificiel. Entre jeux de reflets et de transparences, altérations des couleurs et récupération de matériaux industriels, ces installations révèlent une fascinante polysémie formelle.
Elles ont été élaborées le plus souvent en répercussion avec les lieux de résidence qui ont accueilli l’artiste : comme cet habitat sur pilotis qu’elle bâtit dans la jungle du Suriname à l’usage des locaux, dont la construction sera interrompue par le Covid-19. En détournant des sources visuelles numériques – de vidéos virales au compte Instagram d’agences gouvernementales – pour les incorporer à des sculptures hybrides où PVC, latex, polystyrène et métal s’agglomèrent et s’interpénètrent, l’artiste soumet notre regard à un questionnement politique autour de la prolifération de l’image et de son usage.
La contemplation du désastre environnemental par écran interposé ne renforcerait-elle pas le sentiment d’impuissance ? L’écologie est-elle soluble dans le vortex duclickbait ? Dans cette réappropriation plastique des formes de coercition, Anouk Kruithof donne physiquement à voir les interconnexions que la société de surveillance s’efforce d’invisibiliser.
« Tentacle Togetherness » jusqu’au 6 août au Centre photographique d’Île-de-France