THOMAS LÉVY-LASNE : LA FIN DU BANAL
Vertige, 2016, Huile sur Toile © Courtesy de l’artiste
Non content d’avoir orchestré un grand raout de la peinture figurative contemporaine en septembre dernier au Musée d’Orsay, Thomas Lévy-Lasne présente dans la foulée, à Chelles, une rétrospective de ses œuvres. Si la facture hyperréaliste de sa peinture fascine d’emblée par sa technicité, c’est dans la précision que réside l’intérêt de cette métamorphose d’un cliché « prêt-à-instagramer » en un ouvrage d’artisanat au long cours.
En fin connaisseur de l’histoire de l’art prémoderne, des piliers de la Renaissance aux petits maîtres du xixe sicècle, Lévy-Lasne n’a pas son pareil pour railler l’esprit du temps en reproduisant méticuleusement des saynètes du quotidien photographiées sur le vif : les vestiges d’une fête d’appartement, un homme seul scrollant sur son smartphone au milieu d’une nature luxuriante, la comédienne Lætitia Dosch alanguie nue sur un lit à la façon d’une Olympia au laptop…
Si l’artiste reproduit fidèlement le snapshot d’origine, c’est pour mieux mettre en valeur une forme de décadrage : des corps peu représentés, des rues désertes, des visages qui n’apparaissent pas, ou encore un détail infime perdu dans l’immensité d’une toile.
À Auschwitz, 2020, Huile sur toile © Courtesy de l’artiste
Par son savoir-faire de peintre « à l’ancienne », non loin de l’approche des Nouveaux Réalistes, Levy-Lasne s’est lancé le défi de fixer l’impermanence des choses, de saisir un bout de réalité éphémère pour la soumettre à l’épreuve du temps. Réactionnaire ? Pas vraiment. Mais un adepte d’un certain classicisme qui aurait éludé l’histoire des avant-gardes.
À travers un choix de motifs d’apparence anodine, il dresse avant tout le constat d’une civilisation en bout de course, où des âmes esseulées errent en quête d’amour dans un paysage urbain de plus en plus gentrifié, quelque part entre la Nouvelle Vague et les romans d’Aurélien Bellanger.
La fin du banal de Thomas Lévy-Lasne au Centre d’art des Eglises (Chelles), jusqu’au 17 novembre
ARTE POVERA
Tre Alberi, Giuseppe Penone © Bourse de Commerce, Pinault Collection
Cette exposition sur le courant d’avant-garde italien, dont Jannis Kounellis, Mario Merz et Giuseppe Penone furent les instigateurs, réunit deux cent cinquante œuvres. Apparu dans les années 1960, et infusant depuis dans la création contemporaine, l’Arte povera allie matériaux naturels (eau, pierre, charbon…) et objets de récupération, en écho à une prise de conscience écologique et à un rejet du productivisme. • J. B.
à la Bourse de Commerce – Pinault Collection, jusqu’au 20 janvier 2025
CORRESPONDANCES. LIRE ANGELA DAVIS, AUDRE LORDE, TONI MORRISON
Trois écrivaines et activistes afro-américaines sont mises à l’honneur dans cette exposition collective. Leurs écrits, promouvant l’espoir et la liberté contre le racisme, le sexisme et les précarités sociales ou culturelles, entrent en résonance avec le travail de treize artistes, de Jean Genet à Kapwani Kiwanga en passant par Sarah Maldoror.
au Crédac (Ivry-sur-Seine), jusqu’au 15 décembre
FIGURES DU FOU
De la cour du roi au carnaval, qu’il soit bouffon, aliéné ou génie, le fou amuse, effraie et fascine. En esprit rebelle, il conteste tout – amour, religion, politique. À travers trois cents œuvres, du Moyen Âge au Romantisme, cette expo explore les multiples représentations de la folie : manuscrits, tapisseries, sculptures et toiles de grands maîtres tels Jérôme Bosch et Quentin Metsys. • Léa Nicolino
au Louvre, du 16 octobre au 3 février 2025