Vu à la Mostra de Venise 2025 : « The Voice of Hind Rajab » de Kaouther Ben Hania

Après « Les Filles d’Olfa » (2023), la Tunisienne Kaouther Ben Hania signe un nouveau film hybride entre documentaire et fiction, en compétition à la Mostra de Venise, sur une fillette palestinienne abandonnée à l’enfer de Gaza. Une onde de choc.


the voice of hind raab
« The Voice of Hind Rajab » de Kaouther Ben Hania

Elle s’appelle Hind Rajab, elle a 6 ans et une voix fluette qui sort du combiné. Une voix que seuls entendent les employés du Croissant-Rouge (rattaché à la Croix-Rouge) palestinien, précieux intermédiaires entre Gazaouis pris pour cible et services ambulanciers, dont la survie n’est pas plus garantie que celle des victimes qu’ils assistent. C’est une histoire qui a défrayé la chronique en 2024 : l’inacceptable, l’effroyable calvaire d’une fillette cernée par un bataillon israélien, blottie contre les cadavres encore fumants de sa famille entière. La voix qu’on entend dans le film, c’est la sienne, authentique ; c’est la voix du traumatisme.

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Depuis ce document, Kaouther Ben Hania rejoue l’échange à huis clos entre Hind Rajab et les employés du Croissant-Rouge qui, eux, sont campés par des comédiens. Coproduit notamment par le couple Joaquin Phoenix-Rooney Mara et le cinéaste Jonathan Glazer, le résultat est plus proche de la reconstitution en tant qu’exercice appliqué sagement mais avec dignité, bien que les rivalités entre collègues et autres enjeux « scénarisés » soient vite éclipsés par la seule détresse de la fillette.

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C’est dire qu’une telle archive est comme trop puissante, trop abrasive pour coexister sereinement avec la fiction et ses artifices parfois balourds. L’intelligence du film, précisément, tient à sans cesse en dévoiler les coulisses, jusqu’à superposer les corps des comédiens avec ceux qu’ils incarnent. Pour Kaouther Ben Hania, assumer l’artifice revient en fait à l’annuler, à céder au réel sa juste place, jusqu’à un final dont les images documentaires laissent sans voix.

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