Supercut : dans la cuisine de Pedro Almodóvar

Dans un essai vidéo signé Luís Azevedo Little White Lies se penche sur un lieu chargé de significations dans l’œuvre du réalisateur espagnol : la cuisine, où le cinéaste s’immisce pour dézinguer le patriarcat autant qu’explorer son passé. Après cinquante de dictature sous Francisco Franco et l’héritage d’une société avec une vision du rôle des


Dans un essai vidéo signé Luís Azevedo Little White Lies se penche sur un lieu chargé de significations dans l’œuvre du réalisateur espagnol : la cuisine, où le cinéaste s’immisce pour dézinguer le patriarcat autant qu’explorer son passé.

Après cinquante de dictature sous Francisco Franco et l’héritage d’une société avec une vision du rôle des femmes très conservatrice, Pedro Almodóvar débarque avec un ton bariolé et sensuel au tournant des années 1970 et s’attaque à l’un des symboles les plus nets du patriarcat : la cuisine.

Luís Azevedo montre comment le cinéaste filme ses personnages féminins se réapproprier ce lieu d’injonctions et de frustrations, comme Carmen Maura qui, étouffant dans son rôle de maîtresse de maison, y tue son mari dans Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça (1983). Dans sa mise en scène, Almodóvar insiste souvent sur le rouge sang des murs ou des aliments (le gazpacho de Femmes au bord de la crise de nerfs en 1988), ou bien tout simplement sur les couteaux de cuisine bien tranchants (Volver en 2006).

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Mais c’est aussi pour lui un espace chargé de souvenirs. Luís Azevedo insiste notamment sur le dernier film en date du réalisateur, le très autobiographique Douleur et gloire (2019), où à l’aide il dresse un net contraste entre la cuisine modeste de la maison troglodyte de son enfance, éternellement liée pour lui au désir, et celle, plus opulente mais aussi plus impersonnelle du temps présent.

Image : Douleur et Gloire de Pedro Almodóvar (c) Pathé