CinémaPETIT ÉCRANCultureQUEER GAZEDIVINE GANGI.A. QUOI ?Le magazine
  • Article
  • 5 min

« Certains l’aiment FIP » nous plonge dans l’univers musical de Delphine Seyrig

  • Esteban Jimenez
  • 2020-02-11

Aux sons des titres qui ont bercé son parcours, l’émission revient sur le rapport intime, amoureux et constant que l’actrice, réalisatrice et militante féministe a entretenu avec la musique depuis son enfance.

Alain Resnais, Marguerite Duras, Joseph Losey, Chantal Akerman, Luis Buñuel, Jacques Demy, Agnès Varda, Don Siegel…  Delphine Seyrig a tourné sous la direction de certain(e)s plus grand(e)s cinéastes du siècle dernier. À ce CV cinématographique, il faut ajouter sa collaboration avec François Truffaut et son rôle mémorable de Fabienne Tabard dans Baisers volés (1968), dans lequel elle incarnait la fascinante épouse d’un commerçant de chaussures qui fit tourner la tête du jeune Antoine Doinel (incarné par Jean-Pierre Léaud) « C’est une apparition« , s’exclamait le personnage mythique.

Comme nous le rappelle si bien l’émission Certains l’aiment FIP, Delphine Seyrig a dès ses débuts un rapport très personnel à la musique, puisque c’est son frère Francis Seyrig qui compose la sublime partition de L’Année dernière à Marienbad (1961) d’Alain Resnais, qui a lancé la carrière de l’actrice. Autre film dans lequel la musique tient une place essentielle : le conte faussement candide Peau d’âne (1970) de Jacques Demy, mis en musique par l’immense Michel Legrand. Seyrig y interprète la magique Fée des Lilas, marraine de Peau d’âne. Et si l’actrice s’est faite doublée par la chanteuse Christiane Legrand – elle y souffle des conseils en chansons, censés permettre à la douce Peau d’âne (Catherine Deneuve) de résoudre un dilemme : doit-elle ou non épouser son père ?  -, la manière dont son personnage tourbillonne autour de sa filleule ne fait aucun doute sur son sens de musicalité.

Mentionnons aussi l’envoûtant India Song de Marguerite Duras (qui adapte son propre roman) dont le thème musical, inoubliable, a été composé par l’argentin Carlos d’Alessio. Dans ce récit fantomatique qui prend place dans l’Inde britannique des années 1930, l’actrice incarne la disparue Anne-Marie Stretter, l’épouse de l’ambassadeur dont le souvenir hante la ville de Calcutta. Dans ce théâtre étrange se rejoue la parade amoureuse entre cette Anne-Marie et le vice-consul de France à Lahore (Michael Lonsdale), qui lui a déclaré sa flamme un soir de fête :

Mais Delphine Seyrig, c’était également une voix unique, grave et profonde. Elle l’a haussée pour représenter le droit des femmes (elle a signé le manifeste des 343 et c’est dans son appartement qu’a eu lieu l’une des premières démonstrations d’avortement). « À partir du moment où mon bonheur dépend d’un homme, je suis une esclave », clamait-elle il y a plus de quarante ans. Elle a d’ailleurs donné la parole à plusieurs actrices du monde entier dans le superbe documentaire Sois belle et tais-toi (1981), dans lequel elle questionne les structures patriarcales de la société française à travers les témoignages effarants de femmes évoluant dans le milieu du cinéma.

Image : Copyright Les films du Carrosse

Esteban Jimenez

Tags Assocíes

  • Delphine Seyrig
  • Fip

Inscrivez-vous à la newsletter

Votre email est uniquement utilisé pour vous adresser les newsletters de mk2. Vous pouvez vous y désinscrire à tout moment via le lien prévu à cet effet intégré à chaque newsletter. Informations légales

Retrouvez-nous sur