
Father Mother Sister Brother de Jim Jarmusch
C’est le grand retour de notre cinéaste-vampire préféré. Avec ce triptyque, le réalisateur d’Only Lovers Left Alive racontera trois histoires distinctes, mais toutes reliées par l’idée de confronter des enfants adultes à leurs parents, décrits dans le synopsis officiel comme « quelque peu distant(s) ». On espère retrouver tout ce qui fait le sel des films du cinéaste indépendant – minimaliste, gothique et élégant, mais aussi teinté d’une ironie qui, paraissant douce, s’avère souvent plus mordante (normal, pour un vampire).

Bugonia de Yórgos Lánthimos
Grand maître du malaise, le cinéaste grec (Pauvres créatures, 2024 ; Kinds of Kindness, 2025) n’en finit plus de nous jeter à la figure des œuvres acides, à raison d’un ou deux film(s) par an. Avec Bugonia, il embauche à nouveau les géniaux Emma Stone et Jesse Plemons, et invite Alicia Silverstone, la pimbêche inoubliable de la série Clueless (oui, ce crossover nous étonne aussi). L’histoire du film ? « Deux hommes obsédés par la conspiration kidnappent une grande PDG, convaincus qu’elle est un extraterrestre qui a l’intention de détruire la Terre. »
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A House of Dynamite de Kathryn Bigelow
Huit ans après Detroit, l’Américaine Kathryn Bigelow – première femme à avoir reçu l’Oscar de la meilleure réalisation en 2010 pour Démineurs – fait son grand retour à Venise avec un thriller au cœur de la Maison Blanche (une course contre la montre pour retrouver les auteurs d’un envoi de missile dans le pays). Au casting de ce film qui pourrait marquer le retour musclé de la cinéaste : Idris Elba, Rebecca Ferguson, Greta Lee, Gabriel Basso ou encore Anthony Ramos.

L’Étranger de François Ozon
En adaptant l’œuvre emblématique et ambigüe d’Albert Camus, Ozon (Grâce à Dieu, 2018 ; Mon crime, 2023) ne va pas à la facilité. L’Étranger suit Meursault (campé ici par Benjamin Voisin), un trentenaire vivant à Alger en 1938, qui vient d’enterrer sa mère sans manifester d’émotion et se retrouve impliqué dans une affaire louche, débouchant sur une tragédie. Ne tranchant jamais sur l’innocence ou la culpabilité de son héros, le livre s’enfonce dans des zones troubles, obsession sans cesse renouvelée dans le cinéma d’Ozon. Rebecca Marder, Swann Arlaud, Pierre Lottin et Denis Lavant complètent le casting de ce film aussi prometteur que périlleux.

Aucun autre choix de Park Chan-wook
Adapté du roman La Hache de Donald E. Westlake, le thriller teinté d’humour noir de Park Chan-wook s’attardera sur le parcours d’un homme fraîchement licencié, qui décide d’éliminer véritablement ses concurrents. Une histoire de vengeance déjà portée au cinéma par Costa Gavras en 2005 dans Le Couperet, que le réalisateur sud-coréen, derrière l’incroyable Mademoiselle (2016) et Decision To Leave (Prix de la mise en scène à Cannes en 2022) avait en tête depuis 17 ans.
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The Smashing Machine de Benny Safdie
La séparation du duo que Ben Safdie formait avec son frère Josh nous avait mis un coup. Après leur dernier thriller Uncut Gems en 2019, et alors que son frère s’apprête, de son côté, à sortir Marty Supreme – avec Timothée Chalamet dans le rôle du champion de tennis de table Marty Reisman –, c’est à la Mostra de Venise que Ben Safdie fera ses premiers pas de réalisateur en solo. Avec The Smashing Machine, qui s’inspire de l’histoire vraie d’un champion de MMA Martin Kerr, il embauche le méconnaissable Dwayne Johnson. Reconverti dans le cinéma à grand budget, « The Rock » renoue avec la passion qui l’a rendu célèbre : le catch. On espère que le film dee Ben Safdie saura viser juste.

Le Mage du Kremlin de Olivier Assayas
Jude Law dans la peau de Vladimir Poutine ? C’est étonnant, et ce sera à la Mostra grâce à Olivier Assayas. Après plusieurs films intimistes (Doubles vies, 2018, Hors du temps, 2024), le réalisateur français renoue avec la trempe politique de son cinéma en adaptant le bestseller de Giuliano da Empoli. Ce roman raconte la trajectoire fictive de Vadim Baranov, un producteur de télévision devenu spin doctor pour le président russe Poutine. Cet homme de l’ombre fascinant sera campé par Paul Dano, aux côtés d’Alicia Vikander, Zach Galifianakis et Tom Sturridge. Gage de qualité : Emmanuel Carrère a cosigné le scénario.

À pied d’oeuvre de Valérie Donzelli
Adapté du roman éponyme de Franck Courtès, et coécrit par Valérie Donzelli avec l’écrivain Gilles Marchand, ce film racontera l’histoire vraie d’un photographe à succès qui décide de tout quitter pour se consacrer à l’écriture et découvre la pauvreté. Le synopsis officiel parle d’un « récit radical qui mêle lucidité et autodérision, dévoilant le parcours d’un homme prêt à tout pour sa liberté ». Bastien Bouillon et Virginie Ledoyen se donnent la réplique dans ce film qui risque de faire souffler un vent de philosophie sur le festival.

Late Fame de Kent Jones
Après avoir planché sur le nouveau film de Martin Scorsese en tant que scénariste (un biopic sur la vie de Jésus, rien que ça), Kent Jones a bouclé ce film qu’on devine doux amer sur un poète tombé dans l’oubli (William Dafoe) qu’une communauté de jeunes dandy littéraires redécouvre et portent aux nues. Mais le succès tardif du titre s’annonce plus désabusé que prévu… Ecrit par Samy Burch (scénariste de May December) cette chronique sera notamment portée par Greta Lee.

The Sun Rises on Us All de Cai Shangjun
Quatorze ans après avoir remporté le Lion d’argent pour son western vengeur People Mountain People Sea, le prodigieux cinéaste chinois est de retour avec ce troisième long très attendu. Soit l’histoire de deux amants séparés par la vie après un drame survenu sept ans plus tôt, qui se retrouvent par hasard. L’événement va révéler des secrets teintés de culpabilité et de menace. Radicale, lente et violente, l’esthétique sans concession du réalisateur risque de faire mouche.

Cover Up de Laura Poitras, Mark Obenhaus
À peine remis de Toute la beauté et le sang versé, renversant docu sur Nan Goldin et la force de l’art comme survie, la très engagée Laura Poitras est de retour avec ce docu consacré au journaliste politique Seymour Hersh, récompensé du Prix Pulitzer pour avoir révélé le massacre de Mỹ Lai durant la guerre du Viet Nam. Un film aux résonances contemporaines évidentes, qui risque de dénoncer la violence institutionnelle de l’armée américaine à l’aide d’archives subtilement télescopées.