Vu à la Mostra de Venise 2025 : l’infatigable aventurier Werner Herzog est de retour avec « Ghost Elephants »

Récompensé d’un Lion d’or pour sa carrière, le « cinéaste explorateur » Werner Herzog nous a enchantés avec un nouveau film documentaire présenté à la Mostra, où il suit la trace d’éléphants mythiques au cœur de l’Angola. Et signe un petit bijou qui ne ressemble qu’à lui.


ghost elephants
"Ghost Elephants" de Werner Herzog

Dans un musée de Washington trône un éléphant qu’on dit le plus majestueux jamais rencontré sur Terre. Steve Boyes, naturaliste aux allures d’Indiana Jones, rêve de retrouver ses congénères, qu’il appelle les « éléphants fantômes », sur les hauts plateaux d’Angola. 

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Un explorateur fou, une terre lointaine, un romantisme suranné ; nous sommes bien chez Werner Herzog, lui-même fasciné depuis toujours par la figure de l’aventurier. Familier du continent africain, où il s’est rendu dès les années 1960, Ghost Elephants l’entraîne aux côtés d’une tribu namibienne et de ses maîtres trappeurs, dont la mythologie découle directement de ces éléphants. Fidèle à son style inimitable, Herzog habite pleinement ses images jusqu’à les commenter en off, jusqu’à s’en faire l’explorateur actif. Images tournées avec une grande liberté, tantôt fantasmatiques, tantôt très brutes, sans aucun maniérisme. Le cinéaste filme ainsi sans détour ce qui l’anime et le surprend, quitte à verser dans un kitsch amusant. Sans doute le lot d’un premier degré désormais inhabituel au cinéma et plus encore en documentaire, où règne l’esprit de sérieux. 

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Il n’en est rien chez Herzog, pas même lorsqu’il s’entretient avec Steve Boyes, dont il conserve au montage les hésitations comme les élans lyriques. Pas de place pour le rationnel, au contraire ; c’est la puissance du mystère qui l’intéresse. D’où la grande question posée par le film : au fond, vaudrait-il mieux ne jamais rencontrer ces ghost elephants ? Vaudrait-il mieux seulement les rêver ? Au fur et à mesure de l’expédition, se dessine en fait l’opposition entre deux mondes, deux rapports au vivant. D’un côté la science rationalisée de l’Occident, qui privilégie la technologie ; de l’autre le savoir d’une tribu ancestrale, qui privilégie le surnaturel. On vous laisse deviner vers où penche le cœur du cinéaste.