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Maman a tort, Le Client… les films préférés de la rédac cette semaine

  • Trois Couleurs
  • 2016-11-09

Dernières nouvelles du cosmos de Julie Bertucelli

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Ce documentaire captivant s’avance comme le délicat portrait d’une autiste en artiste. De Depuis qu’Otar est parti à La Cour de Babel, en passant par L’Arbre, le cinéma de la Française Julie Bertuccelli s’apparente à une terre d’accueil pour des êtres confrontés à une forme d’isolement. Elle part ici à la rencontre d’Hélène Nicolas, dite Babouillec, 30 ans. Diagnostiquée autiste très déficitaire, Hélène ne peut s’exprimer qu’en manipulant des lettres plastifiées. Les phrases qu’elle formule ainsi se révèlent d’une troublante puissance poétique – riche en fulgurances et aphorismes, l’œuvre de Babouillec a notamment fait l’objet d’un spectacle créé à Avignon en 2015. Avec pudeur et bienveillance, Bertuccelli filme ces séances d’écriture qui sont aussi des ateliers de création. Au plus près de la pensée d’Hélène, mais aussi de son corps – le temps d’une promenade, d’une baignade, d’une danse –, le documentaire ne prétend pas percer son mystère. Mais le chemin lumineux et hors norme de celle qui se décrit comme une « libre raconteuse d’histoires » invite le spectateur à s’interroger sur les mécanismes du langage et le mystère de la création.

Maman a tort de Marc Fitoussi

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Spécialiste de la fiction douce-amère (Pauline détective, La Ritournelle), Marc Fitoussi persiste dans ce registre avec Maman à tort, délicat drame social à hauteur d’enfant qui suit l’enquête d’une petite fille dans le milieu des assurances. Anouk (Jeanne Jestin) a 14 ans et vient de dégoter un stage de quelques jours dans l’entreprise où travaille sa maman (Émilie Dequenne). Alors que sa première journée de stage se termine, elle tombe sur une jeune veuve et ses deux enfants que la compagnie refuse de dédommager pour de troubles raisons contractuelles. Profitant de la négligence de ses supérieures (un duo de pimbêches tout droit sorti d’une sitcom), cette adolescente au caractère bien trempé et à l’esprit vif décide de s’occuper secrètement de l’affaire – et voit sa complicité avec sa mère bouleversée au moment d’apprendre que c’est cette dernière qui a traficoté le dossier pour le rendre caduc. Une belle idée de scénario (amour filial vs injustice sociale) que la mise en scène exploite avec un opportun mélange de bienveillance et de cruauté.

Le client d’Asghar Farhadi

De retour à Téhéran après son film français, Le Passé (2013), l’Iranien Asghar Farhadi (Une séparation) dessine finement le parcours d’un couple attaqué dans son intimité. Après une ouverture calme, en plans fixes sur un décor de théâtre figurant l’intérieur d’une maison, Le Client plonge dans la panique des habitants d’un immeuble qui vient de se fissurer et menace de s’écrouler. Parmi eux se trouvent Emad et Rana, jeune couple qui retrouve un logement grâce à un membre de leur troupe de théâtre. Un jour, alors que Rana prend sa douche, un homme pénètre dans leur nouvel appartement… Dans la scène suivante, son mari la rejoint aux urgences alors qu’on lui recoud le crâne et qu’elle est en état de choc. A-t-elle été agressée, ou s’est-elle cognée en sursautant ? Peu importe : pour l’époux enragé, qui enquête en solo en grattant le passé de l’ancienne locataire, il faut retrouver l’intrus et « l’humilier publiquement ». Farhadi (reparti de Cannes avec le Prix du scénario) distille un suspense de polar (une porte qui s’ouvre lentement, laissant la voie libre au danger ; des traces de sang dans l’escalier) et ménage quelques actions choc. Il décline le motif de l’intrusion, des voisins envahissants aux élèves d’Emad qui le filment alors qu’il est assoupi. Mais c’est le personnage de l’ancienne locataire « aux mœurs légères », jamais montrée mais au cœur de l’attention, qui lui permet de dénoncer le mieux les problèmes de frontière entre public et privé.

Par Louis Blanchot, Julien Dokhan et Timé Zoppé

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