
« J’ai le sentiment de ne pas être à ma place », confie Coline, 46 ans, sans enfant, qui sait qu’elle va bientôt mourir. Après avoir passé sa vie à arpenter le Pôle Nord avec la volonté de prouver l’existence du Yéti, elle décide de rentrer dans le Jura où elle a grandi. Aux côtés de ses frères fantasques, incarnés par Philippe Katerine et Bastien Bouillon, elle tente de réapprendre à croire encore à quelque chose ou à quelqu’un.
Ce retour forcé devient une étrange parenthèse où se rejouent les liens familiaux, les obsessions de l’enfance et les mirages d’un monde qui s’efface. Blanche Gardin captive par sa façon d’incarner ce personnage pris entre deux pôles, deux humeurs, deux continents.
Sans être complètement déjanté ni absurde, le film s’apparente à une boule à neige qu’il suffirait de secouer pour révéler un mélange de genres, où chaque soubresaut entraîne un déplacement autant émotionnel que géographique. Le recours au Scope accentue cet écart : chaque irruption dans le cadre reflète la tentative obstinée de cette héroïne de chercher sa place dans un monde où « l’invisible fait partie du paysage ». Le réalisateur de Le Voyage au Groenland (2016), fidèle à son goût pour les territoires glacés, compose ici un film où le rire naît du sentiment d’évoluer sans cesse en décalage.