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Le Voyage au Groenland, Ma’ Rosa… Les films préférés de la rédac cette semaine

  • Trois Couleurs
  • 2016-11-30

LE VOYAGE AU GROENLAND

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Deux trentenaires parisiens, rêveurs et immatures, se mettent au vert (enfin, au blanc) au Groenland et se rendent compte que l’aventure n’est jamais là où on l’attend. Dans deux premiers courts métrages (Inupiluk et Le Film que nous tournerons au Groenland), Sébastien Betbeder montrait ces héros patauds (Thomas Scimeca et Thomas Blanchard, dont la complicité crève l’écran) accueillir un duo de chasseurs groenlandais à Paris, puis imaginer l’aventure qu’ils pourraient eux-mêmes vivre au Groenland. Cette fois, il les envoie pour de bon dans le village reculé de Kullorsuaq. Plutôt que de faire de cette terre quasi déserte le cadre d’une épopée grandiose, le cinéaste colle à la tendresse et à l’humilité de son approche en transformant ce décor en grande cour de récré : parties de pêche, veillées nocturnes (sauf que la nuit ne tombe jamais), footing sur la banquise, drague d’une autochtone digne d’une première boum… L’un des deux Thomas en profite pour passer du temps avec son père, exilé dans le village depuis des années, sans pour autant trouver quoi lui dire – ces quelques jours de dépaysement ne suffisent pas à délester le jeune homme de sa timidité d’ado. Le Voyage au Groenland est ainsi moins un récit d’initiation classique qu’un chapelet d’anecdotes terre à terre et très drôles. Quand les Thomas partent chasser le phoque, ce qui les réveille en sursaut dans la tente n’est pas une attaque nocturne, mais une prise de conscience : acteurs de profession, ils doivent d’urgence faire leur déclaration aux Assedic. S’ensuit l’aventure la plus palpitante de leurs vacances : essayer de se connecter au site de Pôle emploi avec le réseau pourri du village. En désamorçant sans cesse le drame et en évitant la pente du sensationnel, le film est non seulement très amusant, mais inspire aussi un puissant attachement à ces héros en galère. Le fait que ceux-ci portent le prénom de leurs interprètes, tous deux excellents, et qu’ils semblent être inspirés de leurs véritables personnalités renforce encore ce sentiment de proximité. Jamais on n’aurait pensé que suivre un voyage au pôle Nord nous communiquerait autant de chaleur et de réconfort. T.Z.

SAUSAGE PARTY

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Le héros est-il une saucisse ou un pénis ? Cette question laconique résume bien l’embarras qu’a dû avoir le comité de classification (le film est finalement interdit aux moins de 12 ans) lors de leur première vision de Sausage Party. Car si les personnages de ce film d’animation écrit par le tandem Seth Rogen-Evan Goldberg (L’Interview qui tue !) et réalisé par Conrad Vernon et Greg Tiernan ont bien des têtes toutes mignonnes de Knacki, les petits futés de la bande à Rogen ont écrit un film à l’humour ultra libidineux. Sausage Party suit les aventures de Frank la saucisse (à qui Rogen prête sa voix) et de son amoureuse Brenda (qui a l’apparence d’un pain à hot-dog et la voix de Kristen Wiig) et de leurs amis aliments dans un supermarché. Tout ce petit monde croit qu’à l’extérieur du magasin la vie est un paradis. La prise de conscience sera rude lorsqu’ils découvriront la nature vorace des humains… Trash et assumant toujours son côté crétin, le film ose tout (par exemple aborder le conflit israélo-palestinien à travers la relation entre une tortilla musulmane gay et un bagel juif) pour le pur plaisir de la régression. Q.G

MA’ ROSA

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C’est d’abord un décor : un bidonville sombre et miséreux de Manille filmé caméra à l’épaule avec un hyperréalisme éprouvant. L’autoritaire matrone Rosa (Jaclyn Jose, Prix d’interprétation à Cannes) y tient une modeste épicerie qui lui sert surtout à vendre de la drogue. Quand elle et son mari sont arrêtés, leurs enfants n’ont que quelques heures pour réunir la somme réclamée par des policiers violents et corrompus jusqu’à l’os pour étouffer l’affaire. Après Serbis (2008), Kinatay (Prix de la mise en scène à Cannes en 2009) ou Captive (2012), Brillante Mendoza continue de dépeindre la violence qui gangrène la société philippine. Trafiquants ou policiers, ses personnages sont ici traités équitablement : filmés au plus près, ils sont autant acteurs que victimes d’une immoralité généralisée. Mais de ce tableau pessimiste émerge un espoir : après une première partie en quasi-huis clos dans le commissariat, la seconde partie du film s’attache à suivre la quête des enfants de Rosa dans le dédale du bidonville. En mouvement continu, ceux-ci insufflent au film une énergie salvatrice. T.D

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