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« La Fille du 14 juillet » d’Antonin Peretjatko

  • Trois Couleurs
  • 2020-07-10

Dans La Fille du 14 juillet, son premier long métrage libre et désopilant sélectionné en 2013 à la Quinzaine des réalisateurs, le Français Antonin Peretjatko imagine le parcours ludique et aléatoire de pieds nickelés en vacances, ignorant la crise qui tente de les rattraper. En cette nouvelle fête nationale, qui s’invite dans le titre du film, on republie cet entretien « jeux de société » réalisé à l’époque avec le réalisateur. 

 

Vos films sont toujours très ludiques, d’où l’idée de cette interview jouée. Lancez le dé pour découvrir des questions inspirées de quelques fameux jeux de société.

Ça me fait penser à Bergman, qui était très superstitieux. Tous les matins, il tirait un dé ; plus le nombre obtenu était élevé, meilleure serait la journée… Je n’ai jamais osé le faire, j’ai bien trop peur de tomber sur le un.

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La question « Trivial Poursuit » : Vous injectez une dimension historique dans La Fille du 14 juillet. La révolution est partout sous-jacente, il y a même une tête coupée…

Mes personnages sont en décalage total avec la société. C’est un ressort comique, comme chez Tati et chez Chaplin. Le générique de début comporte des images de Sarkozy et de Hollande parce qu’on a tourné à l’été 2011 et 2012. Je n’avais pas du tout pensé que Sarkozy pouvait ne pas être réélu ! Finalement, les gens changent, mais le protocole reste.

« Monopoly » : Vous filmez la crise dans tous vos films. La crise, c’est drôle ?

C’est de la mise en scène : rendre drôles ou inquiétantes des choses qui ne le sont pas. Comme dans Phénomènes de M. Night Shyamalan dans lequel le mouvement des branches d’arbres est proprement effrayant… C’est la crise pour moi aussi, on a dû tourner sur deux étés parce qu’on n’avait pas assez d’argent. Vincent Macaigne a une calvitie, j’avais peur de le retrouver complètement chauve l’été suivant !

« Scrabble » : Il y a un plaisir évident, dans ce film comme dans vos courts métrages, à jouer avec le débit de la parole.

Oui, ça me vient du Super 8. Il y a longtemps, j’avais une caméra qui ne pouvait pas faire du 24 images/ secondes, donc j’ai tourné en 18 images/secondes. Je trouvais l’accéléré drôle pour les voix suraiguës.

« Qui est-ce ? » : Vous êtes fidèle à vos comédiens (Marie Lorna, Thomas Schmitt), mais travaillez ici pour la première fois avec Vincent Macaigne. Comment l’avez-vous découvert?

À partir du moment où le comédien est bon, je n’ai pas envie de changer. Mais il ne faut pas non plus qu’ils pensent qu’avec moi, c’est le CDI assuré ! J’ai découvert Vincent dans Moonlight Lover. Il s’est vraiment penché sur le scénario, il m’a prodigué de bons conseils, par exemple créer plus d’interactions entre lui et le personnage du docteur Placenta. L’acteur qui joue Placenta ressemble à Lionel Jospin et à Jean-Louis Borloo. Il vient du vaudeville, je l’ai découvert en Midi-Pyrénées, où nous avons tourné.

«Loto » : Vos personnages se laissent souvent porter par le hasard. Est-ce aussi votre cas en tant que réalisateur?

Sur le tournage, je ne laisse pas de place au hasard. Le scénario et les répétitions sont les moments durant lesquels on pense le film, après c’est trop tard. Je n’aime pas l’improvisation parce que le rythme, c’est moi qui le donne. Mais le hasard est quand même là : un jour, il s’est mis à pleuvoir. On a fait le tour du village avec Vincent pour chercher des parapluies de couleurs et, coup de chance, on a trouvé. C’est beaucoup plus beau que s’il avait fait beau.

«Jeu du pendu»: Il y a une dimension dépressive dans vos films. Ici, Vincent Macaigne offre une touche de mélancolie.

Comme la plupart des séquences sont très gaguesques, ça donne un côté douche écossaise. C’est pour ça que j’aime beaucoup le montage. J’ai fait attention à aménager des séquences où ça se repose un peu, pas comme dans mes courts métrages.

«Risk» : La violence policière est très présente dans le film…

Les policiers, c’est toujours drôle. Ça me fait penser à Cops de Buster Keaton. Au début, il est poursuivi par un policier, et à la fin, il y a près de deux cent flics à ses trousses. On a commencé à tourner le film sous Sarkozy, il y avait ça dans l’air du temps, des Taser, des gros flingues.

«Mille bornes»: La Fille du 14 juillet est un road movie. Vous aviez envie de prendre l’air ?

Je voulais faire les choses en grand, que mes héros partent sur les routes. Filmer dans une voiture, c’est pratique pour un petit budget. Et les routes, les champs, la plage sont des décors gratuits. PROPOS RECUEILLIS PAR QUENTIN GROSSET LAURA TUILLIER 

Pour voir le film, rendez-vous sur UniversCiné

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