« L’amour qu’il nous reste  » : éloge de la douceur

Maître touche-à-tout, l’Islandais Hlynur Pálmason (« Winter Brothers », « Godland ») signe une photo de famille intimiste et ambitieuse, où l’âpreté ne chasse jamais la tendresse.


L'amour qu'il nous reste
© Hlynur Pálmason

Cela pourrait n’être qu’une jolie chronique familiale sur fond de fissuration de couple. Mais L’Amour qu’il nous reste réussit un prodige : nous donner à chaque instant une grisante impression d’inédit. Habitué à casser les codes et à renouveler les genres (en attestent les bijoux Winter Brothers et Godland), Hlynur Pálmason raconte ici une année de la vie d’une famille islandaise (la mère artiste, le père marin pêcheur et leurs trois enfants) de plus en plus préoccupée par l’inexorable séparation des parents.

Filmant avec la même intensité les moments de vie faussement anecdotiques et les virages existentiels capitaux, le cinéaste nous place dans un état d’hypersensibilité permanent : lorsqu’on n’est pas sur le point de pleurer, c’est que l’on s’apprête à rire, et vice versa. Tempo comique, composition du cadre, détail qui tue… Hlynur Pálmason ne laisse rien au hasard, mais c’est avant tout une impression de liberté qui domine. Le film brille particulièrement dans sa façon de montrer comment la candeur enfantine et les désillusions de l’âge adulte génèrent des visions du monde bien différentes. Parfois triste, souvent acerbe, L’Amour qu’il nous reste place cependant une valeur au-dessus de toutes les autres : la douceur. C’est aussi délicieux que prodigieux.

L’amour qu’il nous reste de Hlynur Pálmason, Jour2Fête (1 h 49)sortie le 17 décembre