« Journal intime du Liban » de Myriam El Hajj : un pays qui ne se tient pas sage

Centré sur trois personnages de générations différentes, ce lumineux documentaire filme les crises libanaises entre 2018 et 2021 et passionne par son portrait révolté d’un pays en bouillonnement constant.


journal intime du liban
"Journal intime du Liban" Copyright Les Films des deux rives

Après un documentaire, Trêve (inédit en France), réalisé en 2015, qui évoquait les traumatismes de la guerre civile libanaise, Myriam El Hajj prolonge son étude sociale du Liban en suivant trois personnes de générations différentes, entre 2018 et 2021.

Il y a là Georges, vétéran encore hanté par le souvenir de la guerre ; Joumana, candidate aux élections législatives qui rêve d’injecter un élan démocratique au pays ; et Perla Joe, artiste révoltée qui veut s’engager contre la corruption politique. Plutôt que de disséquer le passé, il s’agit donc pour la cinéaste d’observer des luttes tournées vers l’avenir du pays. Et le film se trouve vite traversé par l’histoire en train de s’écrire : en 2019 ont débuté des manifestations massives contre le gouvernement.

La cinéaste filme alors attentivement la façon dont ce mouvement redessine l’existence de chacun. L’explosion du port de Beyrouth, en 2020, plonge à nouveau le Liban dans l’incertitude et met à mal les projets d’harmonie. En reliant les destins de ses trois protagonistes par une voix off sensible et analytique, Myriam El Hajj raconte le désenchantement, sans perdre de vue l’espoir d’une résistance. C’est le sens de la belle séquence finale, qui chante la colère de la jeunesse tout en célébrant le désir de croire en des lendemains meilleurs.

Journal intime du Liban de Myriam El Hajj, Les Films des Deux Rives (1 h 50), sortie le 15 octobre