Greta Lee à la Mostra de Venise 2025 : « J’aime incarner ce que certains considèrent peut-être comme des ‘petites histoires’ »

Dans “Late Fame” de Ken Jones, satire amère sur les désillusions artistiques, l’actrice américano-coréenne joue une comédienne fauchée, vamp mondaine et tragique, qui poursuit avec désespoir son rêve de création. L’actrice, révélée dans « Past Lives » de Celine Song, prépare son premier long (un film d’horreur qui parlera d’une jeune américano-coréenne à Los Angeles) et sera bientôt à l’affiche de « A House of Dynamite » de Kathryn Bigelow. En attendant, on l’a rencontrée à la Mostra de Venise, où elle nous a parlé de sa passion pour Broadway, Patti LuPone et Greta Garbo, à qui elle doit son nom. Morceaux choisis.


past lives

« A l’origine, le rôle était destiné à Sandra Hüller, qui a dû se retirer du projet en raison d’un conflit d’agenda. Quand le scénario de Sammy Birch [qui a écrit May December de Todd Haynes, ndlr] m’est parvenu, je me suis dit : « Ce rôle est extraordinaire. » J’ai même pensé à beaucoup d’actrices qui auraient rêvé de l’incarner. »

« Je suis arrivée pleine de références, dont j’ai parlé à Kent Jones : Je lui ai parlé de Marlène Dietrich, dont la performance dans Shanghai Express de Josef von Sternbergm’a marquée. Nous avons évoqué Liza Minnelli, qui joue Sally Bowles dans Cabaret. Isabella Rossellini aussi… Toutes ces femmes iconiques que, tragiquement, les jeunes générations ne connaissent parfois même plus. J’ai trouvé cela profondément triste, et ça a nourri la graine mélancolique de Gloria Gardner, mon personnage. »

● ● À  LIRE AUSSI ● ● Mostra de Venise 2025 : « Late Fame » de Kent Jones, le voile des illusions

« Ce rôle m’évoque la figure de la « diva originelle » – cet archétype féminin que je fantasmais lorsque j’ai débuté à Broadway, dans des petits théâtres. Je voulais devenir une star de comédie musicale, j’étais fascinée par Patti LuPone… Je poursuivais cette idée très romantique de l’artiste qui sillonnait la ville. Ce genre de figure n’existe plus vraiment aujourd’hui : le monde a changé. »

« Travailler avec Willem Defoe, c’est un rêve. C’est un artiste infiniment sûr de sa vision, de ce qu’il veut. Il connaît toutes ses répliques – mais en même temps, il est totalement libre. Et en tant que partenaire de jeu, il est d’une grande générosité. On ne peut vraiment faire ça qu’avec quelqu’un qui n’a pas d’ego, qui est solide et confiant dans son talent comme dans ses choix. »


« Faire Past Lives’ avec Celine Song, ça a été comme retomber amoureuse du cinéma, de la fabrication d’un film. J’aime incarner et raconter ce que certains considèrent peut-être comme une ‘petite histoire’. Je distingue une puissance dans ces soi-disant petites histoires. Elles sont épiques par leur ampleur, parce qu’elles parlent simplement de la vie et de l’expérience humaine. »

● ● À  LIRE AUSSI ● ● Mostra de Venise 2025 : les films que la rédac attend le plus 

« J’adore les grandes comédies musicales. Annie [de Will Gluck, 2014] Cabaret [de Bob Fosse, 1972] les vieux films avec Katharine Hepburn… Mon grand-père peignait des affiches pendant la guerre de Corée, sur une base de l’armée américaine. C’est lui qui m’a fait découvrir Cary Grant, Greta Garbo. Mon prénom est d’ailleurs un hommage… J’ai grandi et je suis tombée amoureuse des grandes icônes d’Hollywood, de l’âge d’or du cinéma. »