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Festival du cinéma africain en ligne : la deuxième édition est lancée

  • Emilio Meslet
  • 2019-11-18

La deuxième édition de l’Online African Film Festival est centrée autour du thème du « rêve africain ».

Atlantique de Mati Diop, Grand Prix à Cannes cette année, est l’exception qui confirme la règle. Avant ce film franco-belge-sénégalais, il fallait remonter à 2010 pour voir un long-métrage africain primé sur la Croisette. En l’occurrence, Un homme qui crie du cinéaste tchadien Mahamat Saleh Haroun récompensé d’un Prix du Jury. Plus largement, dans les sélections des festivals de renommée internationale, on compte une part infime de films africains.

Partie de ce constat implacable, l’association de promotion du cinéma africain Cinewax, et son président Jean Fall en tête, a décidé de faire bouger les lignes. Puisque ces cinématographies aux multiples visages ne sont pas ou peu présentes dans les festivals, l’association a créé une plateforme 100% en ligne pour les mettre en avant. Ainsi, en 2018, l’Online African Film Festival (OAFF) est né « pour donner plus visibilité à la production cinématographique du continent, y compris en Afrique où il y a, dans certains pays, de moins en moins de salles. » comme l’explique Fama Ndiaye, la programmatrice du festival qui a commencé sa deuxième édition le 15 novembre 2019.

Elle durera un mois. La compétition sera arbitrée par un jury composé de l’actrice Aïssa Maïga (L’Écume des joursBamako), de la productrice Laurence Lascary (Les marches de la libertéL’Ascension) et du réalisateur Souleymane Cissé (BaaraYeelen) ainsi que des jurys digitaux, avec des influenceurs de pays différents. Les films seront visibles en illimité et sous-titrés en français, en anglais et en espagnol sur une plateforme de streaming contre la somme de 8€. Mais pourquoi uniquement sur internet? « Pour toucher les jeunes dans différents pays », justifie la programmatrice d’OAFF.

Sew the winter to my skin de Jahmil X.T. Qubeka – © Yellowbone Entertainment

Au total, trente films venus des quatre coins de l’Afrique (Nigéria, Tunisie, Burkina-Faso, Swaziland…) ou réalisés par des cinéastes issus des diasporas africaines du monde entier. « La grande force du cinéma africain est sa diversité », note Fama Ndiaye. Une grande variété que l’on retrouve dans la sélection où chaque spectateur pourra piocher : un western historique sud africain (Sew the winter to my skin de Jahmil X.T. Qubeka), un documentaire sénégalais (Poisson d’or, Poisson africain de Moussa Diop & Thomas Grand), un road-movie congolais (A la recherche du vinyle d’ébène de Rufin Mbou Mikima)…

L’OAFF a construit sa sélection autour d’un thème commun entre les œuvres : le rêve africain. « Les jeunes cinéastes africains rêvent d’indépendance, créative et financière. Ils veulent pouvoir penser en dehors des carcans politiques qu’on leur impose », résume Fama Ndiaye. Cet imaginaire peut d’abord passer par une envie d’ailleurs : on parlera notamment d’immigration, comme il est est question dans le court-métrage anglo-nigérian Entitled d’Adeyemi Michael. Il sera aussi question de problématiques LGBTQ comme dans le film kenyan Rafiki de Wanuri Kahiu (déjà sorti en France en 2018) dans lequel deux jeunes femmes tombent amoureuses alors que leurs pères s’affrontent lors d’une campagne électorale, de la difficulté d’obtenir des financements pour créer avec la comédie ougandaise Jethro X Jethro de Malcolm Bigemyamo ou encore d’idéaux détruits par les conflits armés comme dans Lendemains incertains du Burundais Eddy Munyaneza sur la guerre civile de 2015 dans son pays.

Rafiki de Wanuri Kahiu – Copyright Big World Cinema

L’an passé, pour sa grande première, l’OAFF n’a réuni que 800 abonnés sur la plateforme mais en espère environ 10 000 en 2019. « On s’est vraiment battus pour avoir des films d’une grande qualité et attirer davantage de spectateurs », assure Fama Ndiaye. Des spectateurs qui seront invités à débattre sur les réseaux sociaux via un hashtag. Au public et aux festivals de maintenant se rendre compte de la vivacité, de l’inventivité et du talent qui émergent sur le continent. Et d’offrir à l’Afrique la place qu’elle mérite sur la mappemonde du septième art.

Image : Supa Modo du Likarion Wainaina – Copyright 2019 One Fine Day Films

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