« Segundo Premio » d’Isaki Lacuesta et Pol Rodriguez : un faux-biopic électrique

S’affranchissant de la réalité des faits, les réalisateurs Isaki Lacuesta et Pol Rodriguez dynamitent le genre du biopic avec une énergie singulière en racontant la grandeur et la décadence d’un groupe de rock devenu culte en Espagne.


Segundo Premio
(c) Capricci Films

« Ce n’est pas un film sur Los Planetas, mais sur la légende de Los Planetas. » Dès son préambule, Segundo premio annonce la couleur : pour décrire la trajectoire d’un groupe de rock indé espagnol ayant défrayé la chronique dans les années 1990, le film n’hésite pas à s’affranchir de la réalité et à multiplier les sorties de route.

Cette façon de s’affranchir du biopic traditionnel, qui se traduit par des trouvailles visuelles inattendues, lui donne tout son sel. Les premières images sont saisissantes : une étendue de terre se soulève à intervalles réguliers, métaphore d’un groupe jamais tout à fait mort, même quand les différends et les addictions pourraient lui être fatals.

Raconté selon différents points de vue (y compris celui de l’ancienne bassiste du groupe, qui claque la porte au début du film), Segundo premio est un vrai film rock, qui ne cesse de sortir du cadre pour mieux envoyer valser les figures imposées.

Couronnés par le Goya de la meilleure réalisation, les cinéastes Isaki Lacuesta et Pol Rodriguez reprennent à leur compte la phrase finale de L’Homme qui tua Liberty Valance : « Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende. » D’où une œuvre flamboyante, qui ravira à la fois les béotiens et les aficionados de Los Planetas.

Segundo Premio d’Isaki Lacuesta et Pol Rodriguez, Capricci Films (1 h 50), sortie le 16 juillet