« Sam fait plus rire » d’Ally Pankiw : l’humour et la douleur

Après un début remarqué dans le registre de la comédie (« Shiva Baby » d’Emma Seligman, 2021), Rachel Sennott réussit sa première incursion dramatique en interprétant une baby-sitter traumatisée dans le premier film d’Ally Pankiw.


Sam fait plus rire
© Jannick Laurent

« Je suis baby-sitter, la version vieille de nounou », lance Sam sur la scène d’un comedy club, dans un ton désabusé et moqueur. Ce trait d’esprit en dit long sur la posture de cette jeune stand-upper, qui oscille sans cesse entre autodérision et douleur tue.

En parallèle de son activité d’humoriste, elle s’occupe de Brooke, une adolescente de 14 ans avec qui elle noue une complicité presque sororale. Mais la disparition soudaine de cette dernière la confronte au souvenir d’une agression qu’elle s’évertue à taire. Rongée par un trouble de stress post-traumatique, Sam se voit forcée de revivre cette nuit au cours de laquelle elle a conduit Brooke loin de chez elle, loin de son père…

Sam fait plus rire recompose, à partir de flash-back, les pièces manquantes d’un puzzle émotionnel chamboulé. Équilibrant de façon adroite humour noir et impression brute, Ally Pankiw évite les écueils du film à thèse et porte une attention constante au trouble intérieur de son personnage. L’humeur parfois cynique ne vient jamais désamorcer l’intensité de l’histoire, mais au contraire en souligne l’âpreté et la solitude.

Ce premier long métrage intime et désorienté ne fait pas tant le récit d’un drame que celui d’une reconstruction fragile, d’une tentative de renouer avec le monde et avec soi-même.

Sam fait plus rire d’Ally Pankiw, Wayna Pitch (1 h 46), sortie le 30 juillet